Grenoble et sa télécabine de la Bastille : un sujet de carte postale qui reste une exception française dans le transport urbain. Mais peut-être plus pour longtemps. Cantonnées aux stations de ski, les télécabines intéressent aujourd’hui plusieurs villes comme Brest, Toulouse, Toulon, Béziers ou Créteil.
En Rhône-Alpes, le débat a été lancé récemment à Lyon, à travers un projet porté par le Club de l’Ours, une association qui rêve de relier Perrache aux collines de Fourvière et de la Croix-Rousse, puis au Parc de la Tête d’Or. D’autres dossiers plus ou moins avancés ont vu le jour dans les Savoie (Annecy, Chambéry, Allevard). Pour l’instant, aucun ne s’est concrétisé, les élus locaux n’étant généralement pas convaincus, voire carrément hostiles comme ce fut le cas, récemment, à Givors.
C’est à Grenoble que le transport par câble fait une nouvelle fois parler de lui. Après une décennie qui a vu passer plusieurs projets finalement rangés dans les cartons (Crolles/Brignoud ; Gières/Chamrousse ; Meylan/Monbonnot ; Vizille/Echirolles), les débats sont relancés, après que le président de la Metro, Marc Baïetto, a présenté, en mars 2012, l’idée d’une liaison par télécabines entre Fontaine et Lans-en-Vercors, sur une dizaine de kilomètres.
Un équipement qui aurait le gros avantage de limiter le trafic automobile des pendulaires (9 000 véhicules par jour entre le plateau du Vercors et la cuvette grenobloise). Les résultats d’une étude commandée par la Metro seront dévoilés d’ici l’été. Et c’est peu dire qu’ils sont attendus avec impatience.
Un autre projet tente de se faire une place dans le débat public grenoblois. Porté par l’association “Le chaînon manquant”, il a convaincu le maire du Fontanil, une commune qui souffre des éternels bouchons causés par les 100 000 véhicules transitant chaque jour par le nord-ouest de l’agglomération. Jean-Yves Poirier regrette ainsi que le projet d’une télécabine entre Voreppe et Grenoble, passant par le Polygone scientifique, ait été écarté sans aucune discussion. Il rappelle les nombreux avantages de ce mode de transport silencieux, sûr, rapide, efficace, ne polluant pas l’atmosphère, peu énergivore, confortable et fiable.
Le tramway lui-même ne tient pas la comparaison, en particulier sur un aspect décisif en période de rigueur budgétaire : “Le coût d’investissement d’un tram aérien (télécabine, ndlr) sur dix kilomètres peut être évalué autour de 120 millions d’euros, contre 350 pour le tram au sol. Les coûts de fonctionnement sont estimés à 5 millions, contre plus de 10 millions pour le tram au sol”.
Face à ces arguments, la critique de la pollution visuelle, avancée par les opposants au câble, apparaîtra bien mince. Elle n’a freiné ni les élus suisses (308 appareils à câbles en service public de voyageurs) ni ceux de New York, Rio ou Medelin (Colombie), Coblence (Allemagne) ou Londres…
L’an dernier, le constructeur Poma (un Grenoblois !) livrait en Russie un appareil reliant deux villes séparées par la Volga. On passe désormais de l’une à l’autre en douze minutes contre, auparavant, deux heures dans les bouchons routiers.
Didier Durand
Photo : ©Poma. Entre Manhattan et l'île de Roosevelt, un téléphérique de New York construit par le grenoblois Poma.
Bref Rhône-Alpes n° 2111 du 13/03/2013
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