Après la disparition de son dirigeant fin 2010, Diatex a traversé plusieurs années d’incertitude. Aujourd’hui, l’entreprise se relève grâce à l’innovation et à l’export.
Diatex se relève d’un événement auquel on est rarement préparé : la disparation de son dirigeant. En 1986, Philippe Gouthez a 26 ans lorsqu’il crée son entreprise spécialisée dans la fabrication de tissus techniques. Historiquement positionnée sur les textiles pour l’agriculture, Diatex étendra son savoir-faire à l’aéronautique légère, aux sports et loisirs, à l’événementiel. Puis, elle se dote d’une division composite (aujourd’hui 60 % de son chiffre d’affaires). Disposant de quatre filiales (1), toutes en Rhône-Alpes, pour assurer l’ensemble de la production, la société de Saint-Genis-Laval (Rhône) se forge une jolie réputation avec un carnet de commandes qui ne désemplit pas.
Faisant du made in France, de l’innovation et du développement à l’international ses maîtres-mots, Diatex ne connaissait pas la crise. Jusqu’à ce jour de novembre 2010 où on diagnostique un cancer à son dirigeant. Après un an de combat, Philippe Gouthez est emporté à l’âge de 51 ans. Difficile, dans ces conditions, d’aborder la question de la transmission : “Heureusement, il savait déléguer et faisait confiance à ses équipes”, explique Bernard de Mulatier. Présent dans l’entreprise depuis vingt ans et directeur de la division composites, il est alors nommé directeur général : “Ce fut une période un peu compliquée ; des concurrents français et étrangers ont cherché à nous racheter. De notre côté, nous ne voulions pas brusquer les choses avec la famille”. Deux ans et demi plus tard, la reprise de Diatex est actée. Une société holding associant quatre cadres (2) - et dans laquelle Bernard de Mulatier est majoritaire - a été constituée. Elle vient de prendre 10 % du capital de Diatex, le solde restant entre les mains de la famille Gouthez représentée par les deux filles du fondateur, toutes deux dans la vingtaine. “Cette opération a été possible grâce à une parfaite entente avec la famille qui demeurera associée plusieurs années. Elle a cru en notre projet qui s’inscrit dans la continuité et préserve ce que Philippe Gouthez a construit pendant 25 ans”, explique le nouveau dirigeant.
L’entreprise, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 14 millions d’euros sur son dernier exercice (dont 46 % à l’export), prévoit une croissance de 14 % cette année. De bonnes performances dues aux activités TUT (textiles à usage technique) et composite ainsi qu’à l’export (Chine, Inde, etc.). Diatex vient également de décrocher le précieux sésame lui permettant de devenir fournisseur de rang 1 chez l’avionneur américain Boeing. Dans un autre domaine, Diatex a conçu, à la demande d’une ONG œuvrant pour les camps de réfugiés, un textile isolant pour tentes, constitué de cinq couches permettant de lutter contre les écarts de température. “Et nous voulons casser l’image d’Epinal qui colle au textile : nous croyons à la production en France”, conclut Bernard de Mulatier.
Corinne Delisle
@corinnedelisle
(1) Tissage des Mûres (Saint-Jean-en-Royans), Teinture de Saint-Jean (Saint-Jean-la-Bussière), Découpe Cipodec (Fleurieu-sur-Saône) et Aéroform France (Brignais).
(2) Catherine Bourdais (DAF), Jean-Philippe Gaudiau (resp. TUT) et Frédéric Ginel (resp. agrotextile).
Bref Rhône-Alpes n° 2170 du 03/09/2014
Pour en savoir plus sur Bref Rhône-Alpes et ses autres supports.