François Lacoste n’avait pas envisagé d’être un jour industriel. Il aimait la terre. Sans écouter les conseils de son père, il se lance alors, à l’âge de vingt ans, dans une ferme d’élevage. Mais à la tête de 35 hectares dans une région de montagne, il se rend vite compte que les hivers sont longs et souvent inactifs. Les souvenirs de son service militaire, dans les chasseurs alpins en Haute-Savoie, lui rappellent que là-bas, la neige venue, les paysans deviennent ouvriers. Alors, pour avoir un complément de revenu, il va faire la même chose et proposer ses services à des industriels.
Et c’est comme ça qu’en 1983 démarre la société NSE, comme Nizerolles Systèmes Electroniques, dans une activité de sous-traitance en câblage. La petite entreprise de l’Allier élargira rapidement ses compétences à la maintenance et la réparation d’une multitude de produits : téléphones, imprimantes, cartes électroniques… Quelques années plus tard, c’est le grand saut : l’agriculteur devient industriel. A la fois mainteneur, intégrateur et désormais concepteur de ses propres produits et systèmes électroniques, le groupe NSE emploie aujourd’hui 800 personnes (dont 500 en France) et répond aux demandes des plus grands noms de l’industrie aéronautique et de la défense (ATR, Airbus, Dassault, Embraer, Safran, etc.).
C’est pour répondre dans les meilleurs délais à ces clients que NSE s’est rapprochée de leurs usines. Dans l’Hexagone, la société a ainsi étendu sa présence à neuf sites : en Auvergne bien sûr (Aulnat, Rioms, Abrest), en région parisienne, dans le sud de la France ou encore à Brives. Depuis 2001, NSE s’est aussi installée à l’étranger.
Après l’ouverture de sa première filiale en Hongrie, elle a suivi les grands constructeurs dans d’autres pays : au Brésil (São Paulo), en Inde (Bangalore) où les locaux vont prochainement doubler de surface, au Canada pour servir l’Amérique du Nord, et au Maroc (Casablanca) devenu en quelques années une base industrielle qui compte dans l’aéronautique. Les services de NSE travaillent dans quatorze langues.
La croissance de NSE s’est faite aussi grâce à des rachats d’entreprises. En 2011, l’acquisition de la société ardéchoise ECT lui a permis de se lancer dans la conception de ses propres produits, une activité portée désormais par une équipe de 70 ingénieurs. “Nous concevons par exemple des enregistreurs de données pour les avions (et bientôt pour le ferroviaire) ainsi que des systèmes de vision nocturne et de géolocalisation pour la défense.
Le plus souvent, il s’agit de produits de niche”, explique François Lacoste. Mais le plus gros potentiel de croissance réside dans les services de maintenance. “Comme pour les flottes de voitures d’entreprise, la tendance chez nos clients est désormais à l’achat d’un temps d’usage et non plus d’un produit.
Dans cette perspective, la maintenance prend une position centrale”. Du pain béni pour NSE qui a ainsi remporté, fin 2015, l’un de ses plus gros marchés de soutien logistique et technique et de maintenance de matériels électroniques avec l’Armée de Terre : 100 millions d’euros minimum sur dix ans !
Didier Durand
@didierldurand
Photo : François Lacoste
>> NSE (Nizerolles Systèmes Electroniques) :
Bref Rhône-Alpes Auvergne n° 2246 du 25/05/2016
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