Réélu président de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) de l’Ain, le dirigeant du groupe Gérard Perrier Industrie, fondé par son père, est un industriel passionné, aux fortes convictions.
Son père était grand et robuste, il arborait une moustache élégante. Lui est plutôt petit, un physique sec et nerveux, le visage rasé de près. En électricité, on parlerait volontiers de pôles opposés à propos de Gérard et de François Perrier. Mais, père et fils sont animés par un même courant entrepreneurial. Le premier, ingénieur, a fondé la Soteb en 1967, société spécialisée dans la conception, la construction, l’installation et la maintenance d’équipements électriques, électroniques, et d’automatismes industriels. Une affaire familiale propulsée en moins d’un demi-siècle au rang de groupe industriel leader dans sa branche avec ses 1 500 salariés et 155 millions d’euros de chiffre d’affaires, coté en Bourse. François le codirige depuis 2008 en binôme avec Grégoire Cacciapuoti (actionnaire minoritaire). Aîné d’une famille de cinq (trois sœurs, un frère), son destin était tout tracé. Enfant, il a suivi les pérégrinations professionnelles de son père.
A cinq ans, il quitte Lyon pour Belley, berceau de l’entreprise familiale. Puis il découvre les rives du lac d’Aix-les-Bains, où est transféré le siège social de la Soteb. Jeunesse sans aspérité, élève sérieux, après le lycée, François Perrier met le cap en Normandie, à Rouen, et intègre l’Esigelec, l’école des ingénieurs en électricité. Son grand-père avait réalisé une grande partie de sa carrière de cadre à la centrale hydroélectrique de Cusset. “Plus que l’univers de l’électricité, c’est le monde industriel qui me fascinait, confie l’entrepreneur, toujours passionné. L’industrie contribue à faire progresser le confort de l’Homme. Nous sommes sans cesse plus nombreux sur Terre, nous vivons plus longtemps, et il y a plutôt moins de pauvres. Tout cela, c’est clairement le résultat de la science et de l’industrie”.
Diplôme en poche, et après un passage au 27ème Bataillon de Chasseurs Alpins - “comme mon père et mon grand-père” (décidément !) - François Perrier a attendu un peu avant de rejoindre… son destin. Une parenthèse de cinq ans l’a conduit dans le Colorado. Au pays de la libre entreprise et du multiculturalisme, l’étudiant a réussi un MBA en finances, avant de faire ses premiers pas de “business man”. Un patron californien l’avait chargé de prospecter à l’export, les marchés mexicaain et canadien. L’expérience l’a marqué et a nourri une autre de ses convictions : “Les marchés étrangers permettent de se frotter aux concurrents, d’identifier des changements, de nouveaux comportements, que l’on ne percevrait pas en restant chez soi”.
L’héritier a commencé à marcher dans les pas de son père en intégrant Géral, première filiale de l’entreprise familiale, engagée sur de nouveaux marchés. Sous sa férule, la petite société a grandi. Pendant ce temps, Gérard Perrier préparait l’ascension de son fils à la tête du groupe. Mais la connexion ne s’est pas faite comme l’aurait souhaité le paternel. La faute “à un conflit de génération”. En 2003, le fils spirituel est parti diriger une multinationale bourguignonne de 850 salariés spécialisée en électro-pyrotechnie. Jusqu’en 2008, où il a regagné le giron familial, son père étant malade. François Perrier a poursuivi l’aventure, faisant de Gérard Perrier Industrie (GPI) une multinationale ancrée sur le marché européen.
Au printemps 2015, le Savoyard - il vit toujours à Aix-les-Bains - s’est offert un industriel allemand. Faire son trou Outre-Rhin, au pays de l’industrie compétitive et arrogante, est un beau challenge pour ce joueur de golf. Le modèle germanique inspire sa politique managériale, en donnant aux jeunes leur chance. Chaque année, GPI recrute à tour de bras de nouveaux collaborateurs que les “anciens” initient. “Sans les hommes, on ne peut rien”, martèle-t-il aussi au sein de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) de l’Ain, qui vient de le reconduire à sa présidence.
Ce patron sensible au message de Matthieu dans l’Evangile (“Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux”), et fasciné par Winston Churchill (“celui qui n’a jamais baissé les bras au plus fort de la guerre contre les nazis”), pense que les Français sont prêts pour des réformes de fond de l’économie nationale. “Ils en ont plus conscience que les politiques”. Esprit cartésien, François Perrier se méfie des préjugés et des vérités toutes faites. Le débat qui agite la France sur l’Islam l’a conduit à lire le Coran, pour se forger son opinion sur la deuxième religion du pays. Il a une certitude : “L’entreprise, avec ses règles, son cadre, est devenue un lieu de repère pour nombre d’individus !”
Philippe Cornaton
Photo : ©P. Cornaton.
Bref Rhône-Alpes Auvergne n° 2220 du 28/10/2015
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