Le Groupe Cap Sud inaugurera bientôt un bâtiment autonome en énergie à dans le Nord-Isère. L’occasion de revenir sur une succès story commencée à Madagascar.
Le 1er octobre prochain, c’est un bâtiment totalement autonome en énergie qu’inaugurera le Groupe Cap Sud à Vaulx-Milieu, dans le Nord-Isère, sur le Campus technologique situé le long de l’A43 : “Nous n’avons pas de raccordement à EDF”, explique son président-fondateur, Stéphane Gilli. Si cela complique un peu le travail des artisans qui s’activent en ce moment même sur le chantier alimenté, dans l’intervalle, par un groupe électrogène, c’est un vrai pari sur l’avenir qu’a voulu prendre Stéphane Gilli.
Pour alimenter ses 900 m2 de locaux (bureaux et stockage), le groupe spécialisé dans la production et la gestion d’énergie a fait appel à celle qu’il connaît le mieux : le photovoltaïque. “La toiture sera recouverte de 400 m2 de panneaux qui produiront environ 40 kilowatts. Le surplus sera stocké sur des batteries stationnaires à plaques tubulaires à électrolyte liquide de fabrication allemande d’une capacité de stockage de 312 kWh. Enfin, un groupe électrogène alimenté à partir d’huiles végétales recyclées (recueillies par une association auprès de restaurateurs) permettra de faire l’appoint en cas de besoin”.
Au global, Stéphane Gilli a investi 970 000 € dont 170 000 dans les équipements énergétiques. Pas de quoi effrayer ce rugbyman carcassonnais tombé dans le photovoltaïque en 2006, à l’occasion d’un voyage à Madagascar avec Jean-François Tordo, ancien capitaine du XV de France, qui s’engage aujourd’hui dans l’association Pachamama, laquelle mène différents projets sur l’île rouge afin de favoriser la protection des écosystèmes et la réhabilitation sociale.
De retour à Bourgoin-Jallieu, Stéphane Gilli crée France Eco Energie qui intervient dans l’installation de centrales photovoltaïques auprès des professionnels et des agriculteurs (20 MW raccordés depuis 2006 ; 500 installations en 2014). Face à la baisse des tarifs d’achat, il devra diversifier ses activités : dans la gestion de parcs en toiture (bowling de Saint-Savin, etc.) avec Cap Sud Invest (environ 20 MW sous gestion) ; dans l’optimisation des installations existantes avec Optimasol ; dans l’investissement, avec Tanaris qui sollicite des particuliers et professionnels pour la gestion de parcs. “Nous avons déjà quinze centrales sous gestion et venons de lever 700 000 euros pour la seizième”, se réjouit le dirigeant qui ne se laisse pas abattre par la morosité du secteur. Bien au contraire : “La baisse constante des tarifs d’achat d’électricité photovoltaïque et le manque de visibilité généré par les effets d’annonce sans lendemain ont détruit de nombreuses entreprises du secteur. 25 000 emplois ont encore été détruits cette année. A contrario, le groupe Cap Sud a créé 17 nouveaux postes en 2014 (45 salariés aujourd’hui, ndlr) et notre chiffre d’affaires a progressé de 5 % à 15 millions d’euros. Pour 2015, nous prévoyons 17 à 18 millions d’euros”.
Stéphane Gilli va ajouter une corde à son arc. Avec l’aide de deux ingénieurs-maison et de son bureau d’études, il vient de mettre au point la pile “Electron” : composée de batterie lithium, elle permet de stocker de l’énergie produite par des panneaux photovoltaïques. Avec son système “plug and play” et ses voyants lumineux pour indiquer la charge, elle se veut “simple d’utilisation et sans entretien”. “Nous la proposerons dès octobre aux sites isolés, comme les exploitations agricoles”, explique Stéphane Gilli qui fait aussi plancher ses équipes sur des “Cyclotron”, des vélos qui permettraient de recharger des Smartphones et autres appareils électriques.
Corinne Delisle
@corinnedelisle
Photo : ©C. Delisle. Stéphane Gilli.
Bref Rhône-Alpes n° 2211 du 22/07/2015
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