Vingt ans après la découverte de la grotte Chauvet rapidement fermée afin de sauvegarder les joyaux qu’elle abrite, sa réplique vient d’être inaugurée.
Vingt ans après la découverte de la grotte Chauvet rapidement fermée afin de sauvegarder les joyaux qu’elle abrite, sa réplique(1) vient d’être inaugurée par le Président de la République. A quelques kilomètres de la cavité originale, le nouveau site constituera dès cet été une étape culturelle dans un département plus habitué aux campings et canoës.
Copie remarquable d’une merveille inscrite au Patrimoine de l’Unesco, la Caverne du Pont d’Arc est une réussite. Architecturale d’abord : la façade en forme de falaise, surplombant Vallon Pont d’Arc et sa fameuse arche, s’insère presque naturellement dans le paysage de maquis. C’est aussi le cas des autres bâtiments disséminés dans ce parc d’une dizaine d’hectares, en particulier la Galerie de l’Aurignacien, musée qui décrit la vie préhistorique dans l’Ardèche de la période glacière. Technique ensuite : à peine entré dans la pénombre, on oublie qu’on est dans une grotte factice ; l’ambiance humide et fraîche, la reproduction des peintures rupestres les plus anciennes au monde, réalisée au millimètre grâce à la numérisation de la grotte, sont telles que la prouesse technologique s’efface.
La visite fascine, suscite l’imagination, offrant un vrai moment d’émotion voire de spiritualité. Plongé 36 000 ans dans le passé, on reste bouche-bée devant ces dessins intacts, d’une qualité artistique renversante : face à vous, un groupe de lions chasse les rhinocéros, les chevaux galopent, le mammouth blessé saigne, les ours vous regardent… La quinzaine d’espèces représentées (plus de 400 animaux) sur les parois constitue une œuvre unique, animée par le relief de la grotte et les torches (pardon, l’éclairage) qui accentuent le mouvement des animaux ou en soulignent le volume, comme un effet 3D. Le sol, façonné par les stalagmites et autres concrétions minérales (on entend les gouttes tomber), est jonché d’ossements de loups, de bouquetins, de hyènes, d’empreintes et de crânes d’ours fossilisés…
La construction de la Caverne du Pont d’Arc a bien failli ne jamais voir le jour (choix contesté des lieux pressentis, batailles juridiques, financement…). Finalement, l’investissement global s’est élevé à 55 millions d’euros, respectant presque l’enveloppe initiale(2).
Reste maintenant à faire vivre le site. C’est une société familiale, Kleber Rossillon(3), qui a été désignée comme délégataire pour le compte du syndicat mixte responsable du lieu. Celui-ci ouvrira ses portes le 25 avril. Il est dimensionné pour accueillir 350 000 visiteurs par an. Pour faire face à cette nouvelle clientèle, il faudrait d’ailleurs, selon les élus locaux, accroître les capacités hôtelières de la région. D’autant que les projets ne manquent pas, comme ce cycle de formation sur le paléolithique, en réflexion avec l’Université de Savoie. Beaucoup plus ambitieux : la création d’une réplique numérique, dénommée Le Cube, pour un budget de plusieurs millions d’euros. Une grotte virtuelle itinérante qui permettrait à l’Ardèche de porter son message d’Humanité dans le monde entier…
Didier Durand
@didierldurand
(1) Avec 3 000 m2 au sol et 8 180 m2 de décors créés, c’est la plus grande réplique au monde.
(2) Région Rhône-Alpes (14,7 millions d'euros), Département de l’Ardèche (14,7 millions d'euros), Etat (12 millions d'euros), Europe (9,9 millions d'euros), Kleber Rossillon (3,5 millions d'euros). 35 entreprises ont participé aux travaux.
(3) Kleber Rossillon gère six sites touristiques : le train de l’Ardèche, le vélorail des Gorges du Doux, le Musée de Montmartre, le Château de Langeais, les Jardins de Marqueyssac et le Château de Castelnaud. Sa délégation s’étale sur 17 ans. 70 emplois (environ 40 ETP) seront créés pour faire fonctionner le site.
Bref Rhône-Alpes n° 2199 du 15/04/2015
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