Créée il y a 250 ans, la Chartreuse a conquis le monde entier. Aujourd’hui, les moines qui la fabrique s’apprêtent à tourner une nouvelle page de leur histoire.
1860. C’est cette année là que l’Américain Harry Johnson invente le premier cocktail à base de chartreuse, liqueur mise au point en 1764 par un frère chartreux. Baptisée “Le bijou”, la recette composée de chartreuse verte, vermouth rouge et gin, est encore aujourd’hui reprise par les mixologistes du monde entier. Quelque 150 ans plus tard, c’est le réalisateur Quentin Tarantino qui mettra à l’honneur la fameuse liqueur verte dans “Boulevard de la mort”. Et en 2012, les Texans de ZZ Top lui dédièrent même une chanson simplement intitulée “Chartreuse” (prononcée “chartrousse” par les rockeurs barbus). “Depuis quelques années, les Etats-Unis représentent plus de 40 % de nos exportations avec une croissance à deux chiffres dans plusieurs Etats”, affirme Philip Boyer, responsable communication de la distillerie de Voiron.
Rien, pourtant, ne prédestinait à un tel succès planétaire cette liqueur qui a fêté l’an dernier ses 250 ans avec un habillage dédié. Dite “liqueur de santé”, elle rencontre alors un succès immédiat mais limité à la région dauphinoise… Aujourd’hui, même si les ventes continuent de progresser dans l’Hexagone (+ 2 %), la croissance du chiffre d’affaires (14 millions d’euros en 2014 contre 13,5 en 2013) est clairement tirée par l’export qui pèse pour la moitié de l’activité. Et si les Etats-Unis, l’Allemagne et l’Espagne représentent à eux trois 60 % des ventes à l’international, d’autres pays (Mexique, Benelux, Israël, Canada) sont en train de s’intéresser de près au breuvage chouchou des mixologistes : “De plus en plus, notre marque est associée au milieu des bars”, affirme Philip Boyer. Pour trouver l’endroit du monde où il se consomme le plus de chartreuse, il faut se rendre au “Croft Institute” en Australie, un bar de Melbourne qui commande pas moins de 1 000 bouteilles par an !
Chartreuse Diffusion, qui gère la commercialisation des liqueurs dont les recettes sont gardées secrètes, prépare un important projet d’investissement. 150 ans après l’ouverture de la première distillerie à Fourvoirie - détruite en 1935 par un glissement de terrain et remplacée par celle de Voiron - les Chartreux s’apprêtent à tourner une nouvelle page de leur histoire. “Afin de demeurer en conformité avec les exigences de la réglementation, nous allons installer les activités de distillerie, de vieillissement et de stockage des liqueurs sur un nouveau site”, explique Philip Boyer. Les moines ont finalement tranché pour le site d’Aiguenoire, à Entre-deux-Guiers (Isère). Situé à 12 kilomètres du Monastère de la Grande Chartreuse, ce lieu accueille l’unique grange des Chartreux à l’état originel, telle qu’elle a été bâtie au XVIIème siècle. Le démarrage des activités de production sur ce nouveau site est prévu à l’horizon 2018.
Voiron, où 80 000 personnes se pressent chaque année pour la visite des caves, les activités administratives, l’embouteillage et l’expédition seront conservés, tandis qu’un centre dédié au patrimoine culturel du Pays Voironnais est annoncé. La liqueur de santé est en pleine forme !
Corinne Delisle
@corinnedelisle
Chartreuse Diffusion
Photo : ©Olivier Parent-Cnossos.
Bref Rhône-Alpes n° 2188 du 21/01/2015
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