Alpina Savoie vient de fêter ses 170 ans d’existance, retour sur le succès d’une marque qui a connu des hauts et des bas.
Pâtes Chiron, Croix de Savoie, Alpina : autant d’appellations qui égrènent l’histoire d’une entreprise savoyarde de premier plan dont le 170ème anniversaire vient d’être très officiellement fêté. Une société du terroir qui a su, ces dernières années, se relever d’une situation délicate en s’appuyant sur un industriel… breton.
Fabricant de pâtes au pied des Alpes, à deux pas de l’Italie ? Pas surprenant, dans une Savoie qui n’a été cédée à la France par le Royaume de Piémont-Sardaigne qu’en 1860. Antoine Chiron avait déjà créé son moulin à Chambéry. Il se lancera dans les pâtes quelques décennies plus tard.
L’absorption en 2002, par la société Chiron, du concurrent voisin Ets Richard (marque Alpina), débouche sur la création d’Alpina Savoie. Aujourd’hui, l’entreprise déploie toujours deux activités distinctes sur la zone industrielle de Bissy, à Chambéry. D’une part, la fabrication de semoule de blé grâce à son moulin ; d’autre part, la production de pâtes, couscous, polenta, aliments pour animaux, semoule et autres produits de spécialité. C’est sur ces derniers que la marque fait aujourd’hui porter ses efforts d’innovation, en mettant l’accent sur des valeurs régionales avec ses pâtes aux cèpes et bolets, aux marrons, à la tomate et, bien sûr, ses taillerins et crozets. “Un axe stratégique”, insiste le directeur général Jean-Philippe Lefrançois, qui se traduit aussi par des développements sur les aliments pour bébés, les pâtes précuites, pour salades, etc. La société continue, par ailleurs, de consacrer près de 20 % de son activité pastière aux marques distributeurs (Système U, Carrefour…).
En 2008, Alpina traverse une mauvaise passe : pertes, fort endettement suite à des investissement lourds, trésorerie défaillante, changement de direction puis ouverture d’une procédure de sauvegarde. Finalement, c’est le groupe biscuitier rennais Galapagos (président : Christian Tacquard ; 186 millions d'euros de chiffre d'affaires hors Alpina ; 880 personnes), lui aussi à capitaux familiaux, qui est retenu pour le rachat de la société savoyarde et la poursuite de l’aventure. Depuis, la réorganisation industrielle (fermeture de l’usine de La Motte-Servolex) et le repositionnement commercial ont fait leur effet. Galapagos a lancé un plan d’investissement de 10 millions d’euros qui fait aujourd’hui du site chambérien un outil très performant : moulin fonctionnant quasiment dans les conditions d’une salle blanche, triage optique des grains, automatisation des process, traitement des eaux, etc. Alpina est à nouveau bénéficiaire et, légèrement amaigrie, a repris sa marche en avant. Le nouvel actionnaire a su s’appuyer sur le savoir-faire, les valeurs de l’entreprise et… la famille Chiron encore impliquée dans la gestion. Entre Savoie et Bretagne, l’histoire continue. Sucrée salée, celle-ci.
Didier Durand
Alpina
Photo : ©Benoît Gillardeau.
Bref Rhône-Alpes n° 2172 du 17/09/2014
Pour en savoir plus sur Bref Rhône-Alpes et ses autres supports.