Le plan “Usine du futur” était présenté début juillet au Conseil régional à plus de 150 industriels de Rhône-Alpes. Son objectif ? Appuyer la robotisation des outils de productions.
Bruno Bonnell veut en finir avec quelques idées reçues. Particulièrement avec celle qui voudrait que l’introduction des robots dans les ateliers détruit des emplois industriels : “Les pays les plus robotisés sont ceux qui ont le moins de problème d’emploi”, rappelle le président de Syrobo (syndicat français de la robotique) en citant l’Allemagne ou le Japon. “La clé de l’emploi, c’est la compétitivité des entreprises… à laquelle les robots contribuent fortement”. Après avoir remis au ministère de l’Economie sa feuille de route du plan national Robotique, l’auteur de Viva la Robolution* est venu appuyer sa déclinaison rhônalpine, “Usine du futur”, présentée à près de 150 industriels le 3 juillet dernier au Conseil régional. De son côté, Jean-Louis Gagnaire, vice-président de la Région à l’industrie, aux PME et à l’innovation, a enfoncé le clou : “La meilleure arme contre les délocalisations, c’est la robotisation des entreprises ! En rendant l’industrie plus efficace, en l’aidant à retrouver ses marges, elle nous permettra de relocaliser et de créer des emploi”. Ce serait encore mieux si les robots étaient fabriqués en France. Mais ici, personne n’en doute : l’industrie mécanique et électronique alliée à la recherche dispose, en Rhône-Alpes, de tous les atouts pour basculer vers la fabrication de composants robotiques. Et le fonds Robolution Capital, doté quant à lui de 80 millions d’euros, ne demande qu’à jouer son rôle d’accélérateur pour les concepteurs de robots à la française.
En attendant, ce sont 3,2 millions d’euros qui seront consacrés, via le plan “Usine du futur”, à l’accompagnement, sur trois ans, d’environ 200 PMI engagées dans une démarche de robotisation. Le 3 juillet, des entreprises sont venues témoigner de leur expérience en la matière. Chez le fabricant stéphanois d’articles en tissus élastiques Thuasne, la présidente Elizabeth Ducottet a décidé, dès 1996, d’automatiser toute la chaîne logistique (7 000 colis/jour envoyés aux pharmacies). Et étudie aujourd’hui la perspective de “souder les tissus plutôt que de les coudre, un nouveau process qui permettrait de maintenir les emplois dans notre usine française. En production, en R&D, en logistique ou en commercial, aucun métier n’échappera à la transformation numérique de l’entreprise. La plus grande erreur serait de ne pas investir dans ce domaine”.
Chez Pernoud, un mouliste oyonnaxien, “la robotique nous a permis d’accroître le temps d’utilisation de nos machines et donc de diminuer les délais de fabrication, d’améliorer la qualité et, finalement, de prendre davantage de commandes ; dans un secteur où la moitié de nos confrères ont disparu en dix ans, nous sommes passés de 32 à 75 salariés”, explique son dirigeant Gilles Pernoud. Même constat chez le mécanicien haut-savoyard Palumbo qui a investi dans une première unité robotisée en 2000 et multiplié son chiffre d’affaires par quatre en une décennie. “Le robot améliore les conditions de travail, évite des accidents ou des troubles musculo-squelettiques (TMS). Et les plus jeunes salariés s’y sont mis avec enthousiasme”. Plus valorisante, l’entreprise robotisée est aussi plus attractive. Bonne nouvelle pour l’industrie !
Didier Durand
* J.-C. Lattès, mai 2010.
Photo : ©Jérôme Michaud/MDPhoto-www.mdphoto.fr
Bref Rhône-Alpes n° 2168 du 17/07/2014
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