Partout en Rhône-Alpes, la métropolisation s’accentue. Une assertion particulièrement vraie à Lyon et à Grenoble…
L’Insee vient de sortir, coup sur coup, deux études qui pourront alimenter les débats sur la réforme territoriale et la place que devront tenir les nouvelles métropoles (pour Rhône-Alpes : Lyon et Grenoble), notamment vis-à-vis des Régions redessinées.
Premier phénomène observé à l’échelle nationale(1) : “En matière d’emploi, les métropoles ont davantage résisté à la crise”. Alors que la croissance des emplois entre 2006 et 2011 est de 1,9 % pour l’ensemble de la France, elle s’affiche à 4,7 % dans les treize plus grandes aires urbaines de province. Plus jeunes, plus attractives et moins orientées vers l’industrie en déclin : elles concentrent une partie grandissante de la population active (cadres et professions intellectuelles en premier lieu) et des activités économiques, en particulier le commerce, les transports et les services. Un phénomène de métropolisation qui profite aux aires urbaines les plus importantes.
A quelques exceptions près, la même observation vaut pour Rhône-Alpes(2), cinquième région française la plus dynamique (+ 3,4 % d’emplois entre 2006 et 2011) avec un chômage structurellement plus bas qu’au niveau national. Dans une région très diversifiée, Lyon et Grenoble, respectivement 2ème et 11ème plus grandes aires urbaines françaises, constituent les deux principaux moteurs économiques. Avec un gros avantage pour la première : à Lyon, l’emploi y a progressé de 5,7 % (4ème meilleure progression nationale derrière Montpellier, Toulouse et Nantes), la baisse des emplois industriels ayant été largement compensée par la montée en puissance des services. L’aire urbaine de Grenoble est aussi en situation favorable, mais dans une moindre mesure : l’emploi y progresse seulement (!) de 2,7 %, une évolution due notamment à une désindustrialisation très importante (- 14 % contre - 8 % à Lyon).
Plus petites, d’autres aires urbaines montrent aussi une belle vigueur, comme le Genevois français qui détient le record régional (+ 8,2 %) ; mais aussi Chambéry (+ 6,4 %), Annecy (+ 5,5 %) et Valence (+ 4 %). A contrario, les plus industrielles d’entre elles continuent de courber l’échine et perdent des emplois sur le quinquennat étudié : c’est le cas de Cluses (- 3,8 %), de Saint-Etienne (troisième aire urbaine rhônalpine, à - 2,3 %) et Roanne (- 0,4 %).
Alors que la réforme territoriale débouchera bientôt sur une fusion Rhône-Alpes/Auvergne, et que les Régions sont désignées par l’Etat comme chefs de file des politiques de soutien à l’économie (en collaboration avec les CCIR), l’articulation politique Région/Métropoles reste à construire. Le débat rejaillit par ailleurs sur le corps consulaire. La semaine dernière, douze chambres de commerce revendiquaient un statut particulier de CCI Métropolitaines. Parmi elles, celles de Lyon et de Grenoble. Entre solidarité des territoires régionaux et affirmation des métropoles leader, les élus devront composer.
Didier Durand
(1) Insee Première, n° 1503, juin 2014.
(2) Insee Analyses Rhône-Alpes, n° 01, juin 2014. L’aire de Lyon compte pour 38 % de l’emploi rhônalpin, celle de Grenoble pour 11 %.
Photo : A Lyon, deuxième aire urbaine française, le nombre d’emplois a progressé plus vite que dans le reste de l’Hexagone.
Bref Rhône-Alpes n° 2166 du 02/07/2014
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