Le livre du professeur de géostratégie Alain Renaud retrace les relations entre Lyon et Paris et dénonce la volonté parisienne de confiner Lyon dans son rôle de capitale régionale.
Paris contre Lyon : ce sera peut-être l’opposition majeure du Championnat de France de foot, laquelle, à la surprise générale, penche aujourd’hui en faveur de l’OL. Mais le débat est ailleurs. Il est historique, politique, économique, revenant régulièrement dans une France centralisée comme peu d’autres pays le sont, au moins en Europe.
Récemment, la polémique a refait surface à travers une pétition réclamant de nouveaux droits de trafic en faveur de la compagnie aérienne Emirates et de sa liaison Lyon-Dubaï, les responsables économiques rhônalpins accusant la Direction générale de l’aviation civile (qui délivre ces droits) de protéger Air France de la concurrence et, par là même, de freiner le développement de Saint Exupéry face au hub parisien de Roissy (lire Bref du 11 décembre 2014). Le sujet est loin d’être clos, à un moment où l’Etat prépare son désengagement des Aéroports de Lyon, la question étant de savoir à qui il vendra ses actions.
On aurait pu en remettre une couche à l’occasion de l’inauguration de deux équipements culturels majeurs : le Musée des Confluences de Lyon et la Philarmonique de La Villette dont l’explosion des budgets de construction ont beaucoup fait jaser (255 millions d’euros investis pour le premier, soit quatre fois le budget initial, et 380 millions pour la salle de concert parisienne, soit deux fois plus que prévu). Et rappeler, alors, que les dépenses de l’Etat en faveur de la culture sont de 20 €/an pour chaque Rhônalpin quand elles atteignent 158 € par Francilien(1) !
Le récent livre(2) du professeur de géostratégie Alain Renaud retrace les relations entre Lyon et Paris à travers les siècles, dénonçant lui aussi la volonté parisienne de confiner Lyon dans son rôle de capitale régionale, pas davantage. Il reprend en cela, en la développant, l’analyse connue du géographe Fernand Braudel qui affirmait : “Quant aux logiques nationales, je les vois plutôt hostiles (à Lyon, ndlr), plutôt négatives. Ni l’économie française, ni la politique française, n’ont su, ou voulu, ou pu soutenir, dans son rayonnement, le pôle puissant de la vie lyonnaise”. Et d’envisager l’épanouissement de Lyon, qui ne peut donc pas compter sur Paris, dans la seule perspective internationale. Quelques semaines après la tenue à Eurexpo du salon Pollutec et, du Sirha, l’idée prend de la consistance !
Optimiste, Alain Renaud croit au destin international de Lyon. Il liste ses incontestables atouts et, surtout, ses évolutions réelles : ascension dans les classements internationaux, attractivité (jeunes, cadres, investissements étrangers), urbanisme en ébullition, qualité de vie, polyvalence économique, émergence culturelle. Sans oublier, d’ailleurs, ses lacunes comme le manque de multinationales, d’étudiants et d’enseignants étrangers ou encore de médias nationaux.
Lyon parviendra-t-elle à sortir du carcan centralisateur national ? 2015 pourrait bien ouvrir quelques perspectives avec la création de la Métropole lyonnaise, de la nouvelle Région Rhône-Alpes/Auvergne, l’achèvement du Grand Stade de l’Olympique Lyonnais ou l’avancée du TGV Lyon-Turin. Autant de dossiers lyonnais décisifs sur l’échiquier européen.
Didier Durand
@didierldurand
(1) “La Lettre du Spectacle”, 10/10/2014.
(2) “Lyon, un destin pour une autre France”, Ed. L’Harmattan, septembre 2014.
Photo : ©RHS+P.
Bref Rhône-Alpes n° 2189 du 28/01/2015
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