Avec la création de la SPL (Société publique locale) Lyon Part-Dieu, le projet de réaménagement du second quartier d’affaires de l’Hexagone vient de franchir une étape importante.
En avril 2008, dans notre magazine Entreprises Rhône-Alpes, Gérard Collomb annonçait : “Il y aura dix tours à Lyon dans quinze ans”. C’était sans prévoir la crise qui allait plomber le secteur de l’immobilier… Malgré tout, avec la livraison de la tour Oxygène, et bientôt celle d’Incity prévue pour 2015 dans le quartier de la Part-Dieu, sans parler des projets sur le point d’éclore (Sky 56, Silex I et II, Two Lyon, etc.), le pari audacieux du sénateur-maire de Lyon pourrait être relevé.
Et son rêve de faire de Lyon et de son quartier d’affaires - déjà deuxième en France avec 45 000 emplois et 1 million de m2 , derrière Paris-La Défense - une métropole qui compte à l’échelle européenne a franchi une étape supplémentaire avec la création, la semaine dernière, de la SPL Lyon Part-Dieu.
Déjà utilisée avec succès dans l’aménagement du quartier de Lyon Confluence, la formule SPL (Société publique locale) permet de “conserver la maîtrise budgétaire, opérationnelle et réglementaire du projet et de lui donner plus de lisibilité et de crédibilité (…), tout en permettant un dialogue plus facile avec les acteurs du projet”.
Détenue par le Grand Lyon (90 %) et la Ville (10 %), la SPL Lyon Part-Dieu tient donc entre ses mains la destinée de 177 hectares qui, a contrario des projets de Confluence ou du Carré de Soie, sont déjà occupés par des habitants, des commerces, des bureaux…
L’équipe AUC, emmenée par l’architecte François de Coster, aura fort à faire pour repenser ce quartier qui s’est développé de façon un peu anarchique ces cinquante dernières années. C’est sous l’impulsion de son maire Louis Pradel que l’ancien quartier militaire et sa caserne ont cédé leur place à un “urbanisme de dalle”, avec ses barres de logements, son centre commercial ouvert en 1975, deux ans avant l’inauguration de la tour du Crédit lyonnais et huit ans avant la gare qui est, aujourd’hui, l’enjeu crucial du projet de réaménagement.
En effet, il faut “repenser la mobilité” du quartier et de la gare où se croisent, chaque jour, plus de 500 000 personnes en provenance des TER, des TGV de France et d’Europe, des bus et métros, de l’Aéroport Saint Exupéry… En partenariat avec la SNCF et sa filiale Gares&Connexions, la Part-Dieu, débarrassée de ses immeubles en parvis, laissera place à un véritable pôle d’échange multimodal et à une “gare ouverte” deux fois plus grande. Il est prévu de désencombrer le cœur du site de ses commerces et de créer une douzième voie : “Il ne faut pas oublier que la Part-Dieu a été conçue pour 35 000 voyageurs par jour et qu’il y en a 125 000 aujourd’hui”, a rappelé Ludovic Boyron, directeur de la SPL.
Et pour rendre le quartier plus agréable à vivre, la création de nouvelles voies, la réhabilitation de certains immeubles marqués par le temps et la construction de 2 000 logements supplémentaires sont également au programme, tout comme la création ou le réaménagement de trente hectares d’espaces publics et de voirie.
Enfin, il est prévu l’édification de 650 000 m2 de bureaux supplémentaires dont “250 000 m2 sont déjà en train d’être construits ou sur le point de l’être”, tient à rappeler le maire de Lyon pour souligner l’avancée de ce projet colossal qui représente 2,5 à 3 milliards d’euros d’argent privé et 300 à 400 millions d’euros d’investissements publics ! De quoi faire plaisir aux acteurs de l’immobilier qui dénoncent régulièrement le manque d’offres de qualité dans le quartier de la Part-Dieu.
Corinne Delisle
@corinnedelisle
Photo : ©AUC.
Bref Rhône-Alpes n° 2171 du 10/09/2014
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