S’associer pour être plus fort : c’est l’un des enjeux d’une Plastics Vallée qui, si elle reste une place forte de la plasturgie française, a perdu en attractivité.
"A Oyonnax, vous venez avec une idée, vous repartez avec un produit”. C’est le message que veulent faire passer les industriels de la Plastics Vallée lors de leur prochain salon Spido (1). C’est aussi la raison d’être de l’usine éphémère (le Spido Cup) qui sera présentée à cette occasion. Un espace où sera fabriqué, en direct, un produit grand public mettant en œuvre des technologies de pointe… De quoi attirer l’attention sur une industrie qui, comme d’autres, peine aujourd’hui à recruter. L’initiative a été conçue et mise en œuvre en collaboration avec une trentaine d’entreprises locales et le lycée Arbez Carme.
Travailler ensemble sur des projets innovants, chasser en meute comme l’ont fait récemment onze entreprises sur un grand salon américain de la plasturgie : on croyait l’affaire entendue, dans une vallée qui peut s’appuyer sur tous les échelons de la filière (formation, centre technique, moulistes, transformateurs, fabricants de machines, etc.), et même d’un pôle de compétitivité. Mais quand on est plus souvent concurrent que partenaire, collaborer demande un vrai changement d’état d’esprit.
Au-delà d’opérations ponctuelles, certains parviennent à faire bloc (et on ne parle pas de rugby !). C’est le cas du groupement AGP, créé en 2001 par trois moulistes : Georges Pernoud, Collomb et JP Grosfilley. Détenue à parts égales par les trois partenaires, cette filiale mutualise des services (achats, commercial, informatique, R&D, etc.) générant ainsi des économies pour chacun de ses actionnaires. Elle dispose même d’un atelier en propre et d’un bureau en Inde. Et le succès est au rendez-vous : AGP totalise une force de frappe de 210 salariés et 24 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit trois fois plus que lorsqu’il est né.
S’associer pour être plus fort : c’est sans doute l’un des enjeux d’une Plastics Vallée qui, si elle reste une place forte de la plasturgie française, a perdu en attractivité et doit faire face à une concurrence internationale intense. “A l’époque florissante de l’industrie plastique, la population du Haut-Bugey a crû de 75 % entre 1962 et 1999, passant de 32 000 à 57 000 habitants. Pourtant, le dynamisme démographique s’est désamorcé dès les années 1990 et s’affaiblit encore, avec une quasi stabilité, dans les années 2000” (2). Une évolution corrélée, bien sûr, avec celle de l’industrie : sur les cinq dernières années, la plasturgie a perdu 13 % de ses effectifs à l’échelle nationale (source : Allizé Plasturgie). Et, en Rhône-Alpes, elle est passée de 27 000 salariés en 2005 à 21 000 en 2013, pesant encore 16 % de la plasturgie française (6 % pour la seule Plastics Vallée).
L’avenir passera aussi par l’innovation. A ce titre, l’émergence de la plastronique (fonctions électroniques insérées directement dans les objets plastiques) est une bonne nouvelle. Issue de sept années de recherche sur les plastiques intelligents au sein du PEP, la start-up S2P, qui propose aux industriels de l’expertise et du prototypage, est prometteuse. Des industriels régionaux, appuyés par l’Etat, vont y investir des millions d’euros. Et Amaury Veille, l’un de ses dirigeants, annonce plusieurs dizaines d’emplois créés dans les cinq ans pour sa seule structure !
Didier Durand
@didierldurand
(1) Les 10, 11 et 12 juin 2015, à Valexpo. Le Spido a été créé à l’initiative de l’AEPV (Acteurs économiques de la Plastics Vallée).
(2) "Le Haut-Bugey : renouer avec l’attractivité tout en préservant l’héritage industriel". Synthèse de territoire ; Insee Rhône-Alpes ; février 2013.
Photo : ©4vents CCHB.
Bref Rhône-Alpes n° 2204 du 03/06/2015
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