Créée à l’initiative de la CCI de Lyon et agréée par l’AMF, Place d’Echange veut donner un autre sens à la Bourse. Euroglass est la première société à y être cotée.
Fabricant de surfaceuses pour les patinoires, Euroglass est donc la première société à être cotée sur la nouvelle Bourse régionale, Place d’Echange(1), inaugurée officiellement le 2 juillet 2014 à la CCI de Lyon. L’entreprise de Barraux en Isère a réussi à y lever 598 000 € auprès de 137 personnes. Son dirigeant, Eric Bouiller, avait pourtant envisagé (lire Bref du 18 septembre 2013), une introduction sur Euronext-Paris. “Trop cher pour nous”, dit-il aujourd’hui ; “tout compté (coûts d’admission, avocats, intermédiaires, communication, etc.), l’opération nous aurait coûté plus de 200 000 €. Sur Place d’Echange, on est plus proche des 30 000 €”. C’est l’une des raisons, mais pas la seule, qui aura convaincu Eric Bouiller à faire coter son entreprise entre Rhône et Saône.
Créée à l’initiative de la CCI de Lyon(2) et agréée par l’AMF, Place d’Echange veut donner un autre sens à la Bourse : financer les PME tout en bannissant la spéculation ; être l’outil d’un capitalisme patient soutenant des entreprises ancrées dans leur territoire ; bref, redonner à la Bourse un rôle économique et sociétal dont elle s’est beaucoup éloignée. C’est une petite révolution, à l’heure où, sur les grandes places boursières mondiales, une action change de main toutes les 15 secondes. Un modèle de rupture qui fera date… dans la ville qui ouvrit en 1540 la première Bourse française.
Ainsi, les entreprises candidates à la cotation passeront par un comité de sélection indépendant. Selon Emmanuel Imberton, président de la CCI de Lyon, “celles qui seront retenues ne seront pas forcément des gazelles ou des start-up, seulement de belles entreprises, saines, qui peinent à financer leur croissance avec les outils financiers existants”. On viendra sur Place d’Echange pour lever entre 200 000 et 1 million d’euros. La cotation, elle, ne se fera pas en continu mais deux fois par an, “pour adapter son rythme à celui de la PME”.
La valeur de l’entreprise sera alors calculée par un évaluateur indépendant et validée par son dirigeant. Place d’Echange s’appuie enfin sur un comité d’éthique et d’orientation (Banque de France, Bpifrance…). “Nous voulons proposer une autre solution, dans un contexte peu favorable au financement des PME”, explique Philippe Valentin, président de l’association Place d’Echange.
Reste à convaincre les investisseurs qui, généralement, ne s’intéressent guère aux PME. Comme le dit Jean-Pierre Lac, président de LPFT (Lyon Place Financière et Tertiaire) : “Ils sont la clé de voûte du projet. Certains d’entre eux, en tout cas : Mesdames et Messieurs les hedge funds, vous pouvez passer votre chemin”.
Initiative forte et originale dans le paysage financier français, Place d’Echange attire déjà l’attention d’autres régions séduites par cette mobilisation du capital de proximité. André Marcon, président de CCI France, était présent l’autre soir au Palais de la Bourse, pour son lancement. Un signe.
Didier Durand
@didierldurand
(1) Elle sera suivie, cet automne, par deux autres PME : Mille et Un Repas (Ecully) et Processium (Villeurbanne).
(2) L’association Place d’Echange est soutenue par toutes les institutions concernées : CCI Rhône-Alpes et CCI Territoriales, Lyon Place Financière et Tertiaire, Caisse des Dépôts, Bpifrance, Etat (Direccte). Elle sera gérée par Alternativa.
Photo : ©Jean-Jacques Raynal/CCI de Lyon. Philippe Valentin, président de l’association Place d’Echange.
Bref Rhône-Alpes n° 2167 du 09/07/2014
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