Créée en 2006, l’entreprise iséroise EndoControl a été récompensée à l’occasion du Concours mondial d’innovation. Elle propose deux robots facilitant le travail des chirurgiens.
On ne compte pas les chirurgiens dont les articulations sont abîmées par la répétition de gestes précis, durant des heures et dans des positions à faire s’étrangler les ergonomes. Pas étonnant qu’ils voient d’un bon œil l’arrivée progressive des robots dans les salles d’opération.
Créée en 2006 par Clément Vidal et Patrick Henri, EndoControl a lancé, deux ans plus tard, son premier produit motorisé : Viky. Lors d’opérations mini-invasives abdominales, ce robot permet au chirurgien de contrôler le positionnement de sa caméra endoscopique grâce à une commande vocale (“up”, “down”, “right”, “left”…) ou à une pédale. Vendu à 150 exemplaires dans le monde, ce porte-endoscope (qui devient porte-manipulateur en gynécologie) a déjà été utilisé lors de 10 000 opérations.
EndoControl vient de lancer la commercialisation de son deuxième produit. Jaimy est un instrument en forme de pistolet dont l’extrémité dirigée à l’intérieur du corps du patient peut suturer (et bientôt disséquer) les tissus concernés par l’opération. Capable de travailler dans une incision de 5 mm, Jaimy offre une souplesse (rotation, flexion, contrôle) sans commune mesure avec les instruments existants.
“Les variations anatomiques et de pathologies entre les patients font que la médecine ne peut être réduite à des gestes parfaitement reproductibles”, explique-t-on chez EndoControl. “Les solutions proposées à ce jour font du robot un simple bras esclave, télémanipulé par le chirurgien. Nous voulons optimiser la collaboration entre le praticien et le robot, tirer le meilleur parti des capacités humaines (connaissance de la pathologie, adaptation, flexibilité) et de la robotique (précision, stabilité des gestes, puissance de calcul, bases de données)”.
Le robot comme compagnon de travail, tour à tour guide du chirurgien et guidé par lui : l’idée a débouché sur le projet ARCC (Assistance Robotique de Comanipulation pour la Chirurgie), reconnu par le gouvernement dans son programme “Innovation 2030”. Fin juillet, les dirigeants d’EndoControl ont été invités à l’Elysée en tant que lauréat du Concours mondial d’innovation, en présence du président de la République. L’entreprise va pouvoir bénéficier d’un financement de 200 000 euros de la part de Bpifrance. Cet apport viendrait compléter les 8 millions d’euros déjà levés auprès de capital-risqueurs (CM-CIC Capital Innovation, Seventure, Viveris Management).
Sur un marché mondial des robots chirurgicaux dont la croissance est fulgurante*, EndoControl reste de taille encore modeste, avec 1 million d’euros de chiffre d’affaires en 2013 (90 % à l’export), 18 collaborateurs et une dizaine de brevets déposés. Mais elle prévoit des ventes à 3 millions d’euros en 2017. Pour mieux grandir, elle déménagera bientôt dans de nouveaux locaux, toujours au voisinage de l’Université de Grenoble d’où elle tire une partie des technologies qu’elle transfère, et de l’hôpital de La Tronche, l’un des établissements référents qui lui facilitent le dialogue avec les chirurgiens.
Didier Durand
@didierldurand
* Le marché global des robots chirurgicaux est estimé à 3,3 Md$ et pourrait atteindre 20 Md$ en 2019 (source : WinterGreen Research). En 2000, on comptait 1 000 opérations chirurgicales réalisées avec l’assistance d’un robot dans le monde, contre 450 000 en 2012.
Photo : Lauréats du Concours mondial d’innovation, les deux cofondateurs d’EndoControl, Clément Vidal (à gauche) et Patrick Henri, ont été reçus à l’Elysée.
Bref Rhône-Alpes n° 2173 du 24/09/2014
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