Mondialisation oblige, Roanne a subi dans les années 70 la crise du textile. “Mais il reste environ 2 500 emplois textiles dans l’arrondissement”, estime Yves Nicolin, président de Roannais Agglomération, maire de Roanne et député, “avec du haut de gamme reconnu, comme Devernois ou Carré Blanc, et des pépites comme Maya Soie Industrie ou Pacau Couture”. Il y a une vingtaine d’années, c’est le secteur de l’armement, autre pilier économique, qui était restructuré. “Nexter reste un fleuron qui emploie 900 personnes ; le groupe est passé d’une usine d’ouvriers à une usine d’ingénieurs”, commente encore l’élu. La mécanique a elle aussi plongé (reste 1 500 emplois). Michelin, l’un des plus grands pourvoyeurs d’emplois, a résisté, de justesse.
La spirale négative a logiquement atteint le commerce. Mais parallèlement, certains secteurs se sont renforcés comme l’agroalimentaire (Valentin traiteur, Mademoiselle desserts…) ou les services. “En 2003, nous avons utilisé les fonds d’accompagnement de l’Etat pour implanter des centres d’appels : Laser Contact (200 personnes), B2S (150 personnes) ou Sopra Steria (300 personnes)”, se souvient Yves Nicolin.
Ces derniers mois, la restructuration de Diva France, les fermetures d’Avenir formation, Toitures roannaises et Bel Maille ont détruit presque 220 emplois. Quelques sociétés embauchent toutefois comme AC Environnement (70 personnes en un an, bientôt 50 de plus), sur le créneau du diagnostic immobilier. D’autres investissent dans leur outil de production (Valentin, Barriquand, Michelin, Mons, EBI Agrocuv, Téléflow…). Jean-Bernard Devernois, vice-président roannais de la CCI métropolitaine (Lyon, Saint-Etienne, Roanne) souligne que fin 2015, le taux de chômage à Roanne était de 9,9 % contre 10 % pour la moyenne française, le tout avec une population stabilisée. “Notre travail numéro 1 est d’attirer des entreprises, explique-t-il. Avec l’arrivée de l’A89, la requalification de la RN7 et, un jour, la ligne TGV, l’attractivité revient naturellement car le foncier et les logements sont abordables, la main-d’œuvre qualifiée et la qualité de vie indiscutable”.
Roannais Agglomération a mis en place quelques leviers d’action. “Quand il y a un projet de plus de 40 emplois à trois ans, nous apportons 1 000 euros par emploi créé, indique Yves Nicolin. Quand cela est nécessaire, nous pouvons construire des bâtiments que nous louons aux entreprises. Un projet de 5 000 m² est en cours. Ou même construire en blanc. Deux bâtiments de 2 500 m² vont ainsi émerger dans la ZA de Bonvert”. Dans le même temps, pour redynamiser le centre-ville, la collectivité a lancé un appel à projets pour la requalification de 2 hectares (îlot Foch-Sully, estimé à 60 millions d’euros) qui pourraient accueillir 12 000 m² de commerces et 5 000 m² de logements.
Reste à faire connaître les atouts de la ville. L’appartenance de la CCI de Roanne à la CCI métropolitaine apporte de grands espoirs. Parallèlement, une démarche de marketing territorial a été mise en place : “Roanne tout & simplement”. L’enjeu est fort et vise un effet boule de neige : attirer suffisamment d’entreprises pour que le conjoint d’un cadre recruté sur Roanne trouve lui aussi du travail. Et ainsi relancer un cercle vertueux.
Alban Razia
Bref Rhône-Alpes Auvergne n° 2250 du 22/06/2016
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