A 32 ans à peine, ce Parisien d’origine mais Lyonnais d’adoption en est déjà à sa quatrième création d’entreprise. Et ne compte pas s’arrêter là !
Sylvain Tillon aurait pu être cuisinier ou avocat... Il a longtemps hésité, mais c’est finalement sur les bancs d’EMLyon, plutôt que derrière les fourneaux ou dans une cour d’appel, qu’il s’est retrouvé. En 2002, il quitte “volontairement” Paris pour Lyon. Et travaille sur la création d’une entreprise virtuelle avant de se prendre au jeu et de croire dur comme fer en son projet de bijoux pour cheveux. L’aventure Lucyf’Hair durera six ans : “En même temps que mes études, je me suis retrouvé gérant de cette entreprise alors que je ne connaissais rien au monde de la coiffure”. Convaincu par le potentiel de ses produits (qui feront l’objet d’un brevet), Sylvain Tillon découvre le monde de l’entreprise et commet “toutes les erreurs du monde”, explique-t-il aujourd’hui en souriant. “J’ai mis beaucoup trop longtemps avant d’aller sur le terrain, par peur de l’échec je crois. Et puis, il faut également avouer que les moyens financiers n’étaient pas à la hauteur des produits”. En six ans, Lucyf’Hair atteindra le demi million d’euros de chiffre d’affaires, avec une présence dans plus de 200 points de vente en France… avant d’être liquidée.
Sylvain Tillon en profitera pour retourner à EMLyon, mais en tant qu’enseignant cette fois, avec un cours sur… l’échec. “Les étudiants ont pu travailler sur un vrai cas”, raconte avec humour le serial entrepreneur qui envisage alors d’intégrer un grand groupe. La démarche n’ira pas plus loin. “Mon expérience les intéressait, mais j’ai vite compris que je ne trouverais pas ma place dans ces structures hiérarchiques”. Avec un copain de promo, Guilhem Bertholet, cofondateur de La Cuisine du web, ils lancent des BD pédagogiques pour les collégiens sur la création d’entreprise. Joli succès puisque “Lucy & Valentin créent leur entreprise” sera distribuée à plus de 250 000 exemplaires, et éditée dans plusieurs langues.
Ce projet donnera naissance à Sydo, une agence de conseil en pédagogie. L’entreprise se fait véritablement connaître en 2011 avec sa série vidéo “Dessine-moi l’éco”. Sylvain Tillon se souvient : “Nous étions alors en pleine crise. Tout le monde en parlait sans réellement savoir de quoi il était question. Nous avons eu l’idée de faire une vidéo en essayant d’expliquer, de façon neutre, d’où venait le problème”.
Sydo envoie sa vidéo à une vingtaine de titres de presse nationaux en leur proposant de l’utiliser. “Seul Le Monde nous a répondu”, se souvient l’entrepreneur qui garde en tête la date du 1er février 2012 “où nous nous sommes retrouvés en Une du Monde… un vrai rêve de gosse !” L’entreprise passe alors de quatre à neuf salariés et s’offre une jolie notoriété qui ne se dément pas depuis : “Nous venons d’être sollicités par un club de football pour la création d’une école sur le thème « entreprenez votre vie » ”. Une vraie revanche pour celui qui dit n’avoir “jamais aimé l’école”, même s’il était bon élève. S’il est d’ailleurs un point commun entre les douze salariés de Sydo, qui ont tous des parcours très différents (ingénieurs en neurosciences, Sciences po, etc.), c’est bien cette “horreur” de l’école, dans laquelle la société a puisé une “autre façon” d’expliquer les choses.
Un nouveau projet fait vibrer Sylvain Tillon : “J’ai laissé la direction opérationnelle de Sydo à Clarence Thierry (sa conjointe, ndlr), pour me consacrer à Tilkee”. Son nouveau “bébé” est né au sein de Sydo : “Nous recevions beaucoup d’appels entrants. J’ai donc imaginé une solution pour héberger tous ces contacts et organiser les relances commerciales”. Créée en novembre 2012 avec Timothée Saumet, Tilkee vient de réaliser une première levée de fonds de 500 000 € (lire Bref n° 2173 du 24 septembre). L’entreprise est également rentrée chez Axeleo : “Eric Burdier, responsable de cet accélérateur, intervient presque comme un troisième associé et apporte une dimension commerciale qui pouvait nous manquer”, se réjouit Sylvain Tillon.
S’il dit ne pas être un homme de réseaux, le jeune entrepreneur a tout de même constitué un petit groupe de six entrepreneurs avec lesquels il échange une fois par mois. Et quand il ne réfléchit pas à sa prochaine entreprise - “ce qui m’éclate dans la création d’entreprise, ce sont les trois premières années” - Sylvain Tillon en profite pour découvrir de bonnes tables et déguster de bons vins. Il rentre d’un week-end au Clos Vougeot avec sa conjointe qui pourrait être intronisée Chevalier du Tastevin, ce dont il est très fier. Tout comme de ce moment où ils ont cuisiné, à Megève, avec le chef étoilé du “Flocons de Sel”, avant d’envoyer leurs plats en salle.
Corinne Delisle
@corinnedelisle
Photo : ©Laurent CERINO/REA.
Bref Rhône-Alpes n° 2176 du 15/10/2014
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