Créée en 1977, la société de financement Somudimec se bat pour une conviction profonde : l’industrie, c’est l’avenir ! Interview de son président du directoire, Thierry Uring.
Quelle est la raison d’être de Somudimec ?
Thierry Uring : Le monde industriel est généralement considéré “à risque” par celui qui l’entoure et en particulier par les banques. D’où la difficulté pour les PMI de trouver des prêts, pourtant indispensables à leur développement. Somudimec prend ainsi une partie du risque financier des entreprises industrielles en garantissant les crédits octroyés par les banques. Mais surtout, nous leur proposons des crédits à moyen et long terme, des crédits-bails (matériels, immobiliers), des solutions de gestion de trésorerie (affacturage), d’assurance-crédit ou d’assurances personnelle/professionnelle. De toutes ces manières, nous contribuons au développement de l’industrie. A ce jour, 2 800 PMI sont sociétaires de Somudimec. Notre équipe de commerciaux réalise 3 000 visites d’entreprises chaque année.
Qu’est-ce qui fait la particularité de Somudimec ?
T. U. : Somudimec a été créée par des industriels. Ce sont des industriels régionaux qui composent les comités d’agrément. Leur expérience permet de juger les projets présentés non seulement sur le plan financier mais également dans toutes les autres dimensions : R&D, organisation, matériel technique, commercial… Des industriels qui soutiennent des projets d’industriels : c’est ça, notre ADN !
Sous tous ces aspects, qu’est-ce qui vous différencie d’autres structures du type syndicat ou chambre consulaire ?
T. U. : Tout simplement le fait que nous, nous nous engageons financièrement. Nous prenons une partie du risque sur les opérations que nous soutenons. En garantissant les prêts présentés à un établissement bancaire par exemple, nous le rassurons en couvrant l’entreprise si elle est défaillante.
Vous intervenez aussi en haut de bilan, en fonds propres…
T. U. : Oui, à travers notre société de capital-risque Rhône-Dauphiné-Développement (RDD), créée en 1988. De nombreux opérateurs financiers ne veulent pas s’engager en fonds propres dans les PMI car les retours sur investissement sont jugés trop longs. Nous intervenons donc comme investisseur “patient”, dans des dossiers qui sont délaissés du fait de leur petite taille, mais que nous estimons importants pour le développement des entreprises patrimoniales. Et notre présence rassure : quand nous engageons 100 sur un dossier en fonds propres, d’autres financiers sont prêts à engager jusqu’à 500, voire 800.
Combien de participations Rhône-Dauphiné-Développement détient-elle ?
T. U. : RDD est présente au capital de 110 entreprises, toujours en minoritaire, soit une vingtaine de prises de participation par an, de 150 000 euros en moyenne. Nous participons aussi à des fonds tels que le Fonds Régional d’Investissement de la Région Rhône-Alpes (FRI-RA), le Fonds d’investissement de modernisation des industries électriques, électroniques et de communication (FIMIEEC) et les fonds de création et d’amorçage régionaux (Rhône-Alpes Création, R2V).
Le soutien à l’innovation est l’un de vos chevaux de bataille ?
T. U. : Elle est indispensable à la croissance des entreprises. Le problème, c’est qu’elle passe souvent par des investissements immatériels auxquels les formules de prêts bancaires ne sont pas adaptées. Emprunter pour investir dans de l’immatériel (R&D, communication, marketing…), c’est beaucoup plus difficile que d’emprunter pour acheter des machines. Nous avons donc créé des prêts spécifiques destinés aux projets d’innovation des industriels, notamment des prêts participatifs garantis par un fonds de garantie doté par l’UIMM.
La métallurgie est-elle votre seul domaine d’intervention ?
T. U. : Non. Nous ne soutenons pas seulement la mécanique et la transformation des métaux, mais toutes les industries. L’avenir passe par l’innovation qui, elle-même, est souvent le résultat de plusieurs métiers, faisant intervenir plusieurs matériaux et technologies. Ce n’est pas la transformation du métal qui nous réunit, ce sont des processus industriels qui sont comparables, comme par exemple dans l’agroalimentaire, la plasturgie ou la transformation du bois. L’industrie a un grand avenir : l’usine du futur est une opportunité énorme !
Propos recueillis par Didier Durand
Bref Rhône-Alpes n° 2213 du 09/09/2015
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