60 000 entreprises disparaissent chaque année en France. Et parmi ces échecs, les affaires de capitalistes cupides, les plus médiatisées, ne sont pas les plus nombreuses. Erreurs de gestion, perte d’un gros client, impayés, crise, retournement de marché, manque de réactivité face à une concurrence inattendue… ou un peu tout ça à la fois ! Les causes d’un dépôt de bilan sont multiples. Quant aux dégâts engendrés, ils se traduisent en pertes d’emplois salariés et pèsent sur le destin du dirigeant. Respecté voire adulé quand sa société prospère, celui-ci est jugé incompétent en cas d’échec, les deux avis oubliant l’importance du collectif dans la vie d’une entreprise. Seul à la barre de sa boîte, l’entrepreneur se retrouve tout aussi seul après l’accident. Honteux aussi. Car c’est bien connu : en France, l’échec est mal vu, alors qu’aux Etats-Unis, il est considéré comme un apprentissage nécessaire. Là-bas, on estime qu’un bon entrepreneur doit s’être planté au moins une fois.
A 56 ans, Philippe Rambaud a vécu la descente aux enfers après son dépôt de bilan. “On subit alors trois traumatismes. Personnel d’abord : j’ai connu la dépression et la perte totale de confiance en moi. Professionnel ensuite : tout le monde nous fait comprendre que si on a échoué, c’est qu’on est nul. Et que, dans le futur, il vaudra mieux cacher ce genre d’échec sur son CV. Financier enfin : perte du capital placé dans son entreprise, paiement des cautions, sans oublier que le dirigeant mandataire social, s’il est « travailleur non salarié », ne touche pas d’assurance chômage. Beaucoup se retrouvent ainsi du jour au lendemain au RSA”.
Revenu de cette expérience traumatisante, Philippe Rambaud a créé en 2012 l’association 60 000 Rebonds dont l’objectif est d’aider ces entrepreneurs blessés à se relever. Fondée sur un apport de compétences bénévoles, elle propose des sessions de coaching, un suivi par un parrain et des ateliers d’échanges. En deux ans, elle a ainsi accompagné plus de 300 personnes qui, pour la plupart, sont reparties sur un projet d’entrepreneuriat ou de salariat. Déjà présente dans une dizaine de villes, 60 000 Rebonds est présidée, en Rhône-Alpes, par Guillaume Mulliez. Impliqué par ailleurs dans le Réseau Entreprendre®, le directeur général de Dimo Software insiste : “Ne pas tendre la main à ces entrepreneurs constitue un vrai gâchis pour la société. Ils (elles) sont K-O. Il faut les aider à se redresser et à repartir”.
L’échec fait partie de la vie. Il a même ses vertus et constituera le socle de bon nombre de réussites ultérieures. Il fait grandir, humanise les plus arrogants voire enfante la sagesse. Des réalités qui seront sans doute développées lors du prochain Forum qu’organise 60 000 Rebonds à l’Hôtel de Ville de Lyon, le 17 novembre*. Avec, pour y réfléchir, les interventions de Christian Streiff (vice-pdt de Safran, ex-pdg de PSA et Airbus) et du philosophe Frère Samuel.
Didier Durand
@didierldurand
Bref Rhône-Alpes Auvergne n° 2221 du 04/11/2015
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