Qui n’a pas râlé un jour, bien calé dans sa voiture, contre un livreur qui bloque la rue ? Dans les villes, le fret quotidien représenterait 20 % du trafic, 30 % de l’occupation de la voirie et 30 % des émissions de gaz à effet de serre. Parallèlement au trafic automobile de plus en plus contraint par les municipalités, la logistique urbaine voit émerger de nouvelles initiatives. A Paris, les magasins Monoprix sont livrés par voie ferroviaire puis par des véhicules au gaz naturel ; les Franprix, eux, sont approvisionnés par la Seine. A Lille, c’est un centre multimodal de distribution urbaine de huit hectares qui sera bientôt opérationnel ; tandis que des city hubs voient le jour à Marseille ou Annecy. Partout, l’objectif est le même : mieux organiser les tournées, mutualiser véhicules et sites logistiques, mettre en place des moyens de transports plus propres, pour abaisser le trafic et la pollution.
Lyon n’est pas en reste. Depuis avril 2012, le gestionnaire de parkings Lyon Park Auto (LPA) a ouvert, aux Cordeliers, un Espace de logistique urbaine (ELU) utilisé aujourd’hui par le transporteur Deret et Ooshop, l’enseigne de e-commerce de Carrefour. Mais une autre initiative, totalement privée quant à elle, démarre. Il s’agit de City Logistics, une société fondée par Salvatore Alaimo, dirigeant du groupe Dimotrans, associé à Yves Guyon, ex-président du directoire des Aéroports de Lyon, et Gagne Park. L’entreprise propose aux services de messagerie (Heppner, DHL et autres Mazet) d’assurer le "dernier kilomètre” de leurs livraisons à Lyon et Villeurbanne. Ces transporteurs sont invités à entreposer leurs marchandises sur la plateforme City Logistics de Vaulx-en-Velin. Employant 25 salariés (dix recrutements prévus en janvier), celle-ci est équipée d’une station de gaz. En effet, la société a commandé dix camions de 19 tonnes fonctionnant au gaz naturel issu de biogaz, de même que trois véhicules plus petits (3,5 t), eux aussi au gaz. Les tournées sont alors planifiées grâce à un logiciel développé spécifiquement : une fois les marchandises scannées, l’outil optimise en moins d’un quart d’heure une boucle de 620 livraisons et sera capable de géolocaliser les camions en temps réel. Résultat, selon la direction : une baisse de 80 % des émissions de CO2 et de 30 % des distances parcourues.
Dès mars prochain, City Logistics ouvrira un espace de centre-ville (point relais, livraisons sur rendez-vous, stockage avancé, consignes pour les commerçants et particuliers adeptes du e-commerce) à La Poste de la Place A. Poncet (Lyon 2ème). En ligne de mire également, les artisans qui, pour un oui ou pour un non, se déplacent souvent avec leur propre véhicule en ville. L’idée est de leur proposer un service de transport urbain de petits volumes, en massifiant les déplacements de véhicules.
Depuis le démarrage de son activité début 2015, Lyon City Logistics confirme ses ambitions : de 5 tonnes/jour transportées en avril, elle est passée à dix fois plus en décembre (450 à 600 livraisons quotidiennes) et prévoit près de 80 t/j dès avril prochain. A moyen terme, l’utilisation des fleuves Rhône et Saône est envisagée. En attendant, la société vient de répondre (avec La Poste) à un appel à manifestation d’intérêt lancé par la ville de Grenoble. Car Yves Guyon, directeur opérationnel, l’affirme haut et fort : “Nous voulons faire la preuve de l’efficacité du concept à Lyon, avant de nous déployer dans d’autres villes”.
Didier Durand
@didierldurand
Bref Rhône-Alpes n° 2227 du 16/12/2015
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