Pascal Philibert veut construire sa nouvelle usine selon les principes de l’économie bleue.
www.cherrystone.fr
Le fabricant de levains aindinois Philibert Savours va engager des travaux pour se doter d'une nouvelle usine à la pointe en matière environnementale. Une initiative qui entre dans une démarche responsable beaucoup plus globale.
Sans le savoir, vous consommez sans doute régulièrement des produits tout droit sortis de chez Philibert Savours, cette entreprise de l’Ain qui fabrique depuis plus de trente ans des levains liquides et déshydratés destinés aux professionnels de la boulangerie. « Nos levains sont là pour apporter du goût au pain et le sublimer », explique Pascal Philibert, dirigeant fondateur de l’entreprise qui défend une mission : « Mieux nourrir en respectant l’Homme et la Nature ». Derrière cette baseline accrocheuse, on découvre un entrepreneur aux convictions environnementales profondes, inspiré par les principes de « l’économie bleue ». Lancé par le Belge Gunter Pauli, ce concept repose sur un constat : le modèle économique actuel produit une trop grande quantité de déchets. En s’inspirant de la nature et de ce qui est disponible localement, il est possible de développer une économie durable ne produisant plus de polluants. Ce principe, Pascal Philibert entend l’appliquer à sa nouvelle usine qu’il veut « remarquable ».
Un investissement de 16 millions d’euros
Le dirigeant va bénéficier d’une aide de près de 2,8 millions d’euros du plan France Relance pour son projet, dont le coût global est estimé à près de 16 millions d’euros. « Nous voulons être une usine agro sèche, où l’eau que nous utilisons sera récupérée de façon perpétuelle. Nous allons également récupérer la chaleur fatale et aller de plus en plus vers le gaz vert », ajoute Pascal Philibert qui va disposer, avec cette usine de 4.000 m², de trois nouvelles lignes de production.
Pour le dirigeant, l’objectif est également d’avoir « une matière première la plus française ou européenne possible », espère celui qui promeut la filière CRC® (culture raisonnée contrôlée) garantissant des céréales 100 % françaises et cultivées selon des pratiques favorables à la biodiversité : « L’objectif est d’arriver à une baguette avec zéro résidu de pesticide. Et nous sommes les seuls à maîtriser l’ensemble de la chaîne. »
Pour cela, Philibert Savours développe des partenariats avec des agriculteurs, une coopérative agricole (Oxylane) et des minotiers locaux pour promouvoir une économie vertueuse où « chaque acteur de la chaîne est récompensé pour son travail. Nous allons pousser cette voie pour arriver à 80 % de nos approvisionnements en CRC® contre 45 % aujourd’hui. »
Philibert Savours devrait déposer sa demande de permis de construire fin juin et espère un démarrage de l’usine en 2023 ou 2024. D’ici là, l’ensemble des marchés devrait avoir repris. « Nous pensions faire + 10 % en 2020 et nous finissons à - 4 % », conclut le dirigeant qui se voit bien, à terme, devenir une ETI française chantre de l’économie bleue.
Cet article a été publié dans le numéro 2451 de Bref Eco.