Le centre de R & D de LafargeHolcim à Saint-Quentin-Fallavier regroupe, sur 15.000 m², 400 personnes.
Leader mondial de la fabrication de matériaux de construction, le groupe LafargeHolcim est conscient de son impact environnemental. Il intensifie sa R&D sur des projets bas carbone.
A l’échelle de la planète, 7 % des émissions de CO2 sont issus de l’industrie cimentière. A titre de comparaison, le trafic aérien, lui, en représente 3 % . Et si certains commencent à se priver de l’avion, il semble difficile de se passer du béton, deuxième matériau le plus utilisé dans le monde après l’eau ! « Alors que les zones urbaines vont accueillir deux milliards d’habitants supplémentaires dans les 25 années à venir et que 60 % des infrastructures nécessaires d’ici 2050 ne sont pas encore construites, nous n’avons pas d’autre choix que de réinventer l’industrie du bâtiment », explique Edelio Bermejo, directeur R & D du groupe franco-suisse. Sa mission ? « Concilier la croissance forte de la construction et le développement durable » en activant plusieurs leviers : développement de combustibles de substitution en cimenterie, baisse de la consommation énergétique des usines, nouvelles formulations des ciments et bétons, conception de bâtiments moins gourmands en matériaux… Et c’est à Saint-Quentin-Fallavier (Isère), centre de recherche historique de Lafarge, que ça se passe.
Composition des matériaux…
Ici, 200 chercheurs d’une vingtaine de nationalités travaillent sur ces sujets. Car Edelio Bermejo a été clair : 55 % des projets de R & D seront dédiés à des solutions bas carbone. Parmi les pistes étudiées : la réduction de l’utilisation de clinker dans la fabrication du ciment pour le remplacer par d’autres matériaux moins énergivores. Le clinker, qui compose environ 65 % du ciment aujourd’hui, nécessite de faire cuire le calcaire à très haute température : « En le remplaçant par des argiles calcinés qui demandent une moins haute température de cuisson, nous pourrions diviser par quatre la quantité de CO2 émise », explique un chercheur du centre.
...et carbonatation des granulats
Parmi les autres sujets, celui de la carbonatation. Le béton est un puits naturel de carbone via un phénomène appelé la carbonatation. Avec le temps, il recapte les molécules de CO2 de l’air ambiant. D’où l’idée, à travers le consortium FastCarb*, d’accélérer ce phénomène. Un pilote vient d’être inauguré sur la cimenterie du Val d’Azergues qui capte le CO2 directement issu de la cheminée et le fait passer à travers le carbonateur où sont stockés des granulats de béton recyclés. « En recarbonant ces granulats, nous allons pouvoir en améliorer leurs propriétés », expliquent ses instigateurs. Etapes suivantes : tester ce béton en situation avant de lancer, en 2021-2022, des pilotes semi-industriels. A terme, l’idée serait d’installer ces unités de carbonatation au plus près des industriels émetteurs de CO2 thermique comme les cimentiers, mais également les verriers ou les déchetteries.
* FastCarb, qui réunit 23 partenaires, représente un budget de 3 M€, dont 800 K€ du ministère de la Transition écologique.
Cet article a été publié dans le numéro 2400 de Bref Eco.