Philippe Colançon lors de l’inauguration de l’usine d’Andancette dans la Drôme.
D.D.
Si l’on croise depuis longtemps ses petites voitures sans permis sur nos routes de campagne (le marché rural a été son premier débouché), on voit désormais plus souvent la marque Aixam en ville avec, au volant, de jeunes gens qui n’ont pas attendu de passer leur permis de conduire pour se déplacer en toute liberté. Le covid a accéléré cette tendance au rajeunissement de la clientèle. Et l’électrification des moteurs pourrait bien faire d’Aixam un gagnant des nouvelles mobilités urbaines.
Aixam a ouvert à Andancette (Drôme) en mars, et inauguré officiellement il y a quelques jours, une usine qui lui permettra d’accroître sa production de voiturettes de 50 %. C’est le premier pas d’une réorganisation plus large de ses sites actuels de la vallée du Rhône : deux d’entre eux, installés le long de l’Autoroute du soleil, rejoindront Andancette d’ici un an, dans des locaux dont la construction vient de démarrer. L’investissement global s’élèvera à 25 millions d’euros.
À l’heure où la réindustrialisation du pays est sur toutes les lèvres, l’édification de ces nouvelles usines automobiles est une bonne nouvelle. Et le signe qu’un vrai dialogue entre industriels et acteurs publics locaux (Communauté de communes) peut faire bouger des montagnes. À écouter les uns et les autres, le montage de l’opération immobilière n’a pas été simple (Aixam recherchait un tènement de 5 hectares). Le groupe Charles André, présent sur cette zone avec son activité de transport et logistique automobile depuis peu, a joué un rôle important en cédant une partie de ses 22 hectares de terrain. La solution a finalement été trouvée dans le dialogue, et mise en œuvre rapidement, sur une friche industrielle dépolluée qui avait été exploitée par Pont-à-Mousson (Saint-Gobain) et restait inoccupée depuis près de 25 ans, après sa fermeture suite au scandale de l’amiante.
Une histoire de pionnier
Société à capital familial au cours des vingt premières années de son existence, puis détenue par le groupe Norbert Dentressangle pendant dix ans avant d’être rachetée par l’américain Polaris Industries (motoneiges, véhicules tout-terrain…) en 2013, Aixam coiffe une demi-douzaine de sociétés industrielles régionales (Mega, CIV, Carmax, Carmétal…) assurant ensemble la plus grande partie de la chaîne de production (châssis, carrosseries, coques, assemblage…). Alors qu’elle fête cette année ses 40 ans, elle reste incontestablement le leader européen de la voiture sans permis et exporte la moitié de ses véhicules. Des quadricycles légers que son président, Philippe Colançon, préfère d’ailleurs qualifier d’« alternative au scooter », la sécurité en plus (elle ne dépasse pas les 45 km/h).
Cap sur l’électrique
Servant également le micromarché des petits véhicules utilitaires, pour les collectivités notamment, Aixam s’est positionnée dès 2003 sur les motorisations électriques, qui représentent 15 % de ses ventes aujourd’hui. En lançant sa gamme e-City, elle a ainsi montré qu’elle était prête à basculer et abandonner, au moment opportun, ses modèles diesel. « Notre avenir, c’est sans doute 100 % de véhicules électriques », affirme Philippe Colançon, optimiste. Et sans doute une place en ville beaucoup plus importante qu’aujourd’hui.
AIXAM EN CHIFFRES
Nombre de véhicules produits par an : 4 000 en 1990 ; 13 500 en 2019 ; 19 500 prévus en 2023 et 25 à 30 000 en 2025.
Parts de marché en France : 45 %.
CA 2022 : 200 M€ ; CA (prév.) 2023 : 225 M€.
Effectif : 350 personnes.
Le site d’Andancette à ce jour : 5 400 m2 d’ateliers, 420 m2 de bureaux et 10 M€ d’investissement (phase 1) ; 35 emplois créés.
Autres sites industriels : Aix-les-Bains (Savoie ; siège) et Chanas (Isère).
Cet article a été publié dans le numéro 2543 de Bref Eco.