Véronique Debroise a intégré une chaîne de production de puzzles à son usine de cartonnage. Il n'y en a que trois en France...
A.R.
Comme toutes les belles histoires, celle des puzzles fabriqués par Cartonnage de Vaucanson est surprenante et inattendue. Pourtant, c’est bien une réalité, l’usine de Romans-sur-Isère a relancé cette activité presque unique en France.
Véronique Debroise est un nez. Et elle revendique d’avoir créé les premiers jeux olfactifs. Un micro marché qui l’a poussée ensuite à investir plus généralement le secteur des loisirs créatifs, avec succès, puisque sa société parisienne Sentosphère réalise 10 millions d’euros de chiffre d'affaires avec 1,5 million de boîtes vendues par an. Si Sentosphère est seulement un éditeur de jeux (marques Aquarellum, Sablimage, Patarev, Colorizzy…), Véronique Debroise a choisi de maîtriser aussi la fabrication des jeux. C’est l’objet de sa société ProSentos qui produit les jeux et les conditionne. À ce titre, elle achète des boîtes en carton en masse.
Historiquement, son fournisseur était basé en Isère : la Romanaise de Cartonnage et d’Impression (RCI). En 2016, RCI est en dépôt de bilan. ProSentos, qui est son principal client, en fait l’acquisition. « J’avais envisagé de monter une usine en Espagne mais j’ai finalement repris RCI, malgré un parc machine obsolète », confie Véronique Debroise.
Plus automatisée et donc plus concurrentielle
A l’époque, RCI emploie 13 personnes (contre 33 quelques années auparavant) et réalise 1,7 million d’euros de chiffre d’affaires mais avec beaucoup de sous-traitance… en Chine. L’entreprise se transforme. Elle prend le nom de Cartonnage de Vaucanson et investit dans de nouvelles machines permettant à la cartonnerie d’être plus automatisée et donc plus concurrentielle. Et ça marche. Les clients sont séduits (notamment la Maison du chocolat) et les commandes repartent. L’effectif s’étoffe avec maintenant 27 personnes. Le chiffre d’affaires décolle pour atteindre 5 millions d’euros en 2022, réalisé à 40 % avec ProSentos.
L'image du puzzle est d'abord collée (avec une colle alimentaire) sur le carton.
Il y a quelques années, Véronique Debroise se rend compte que toutes les entreprises européennes de jeux disposent d’un département puzzle, un marché stable et peu normé. Alors pourquoi pas Sentosphère ? Elle s’équipe à nouveau pour 900.000 euros de nouvelles machines. « Depuis la reprise, nous avons investi 2,8 millions d'euros et agrandi l’usine », note la cheffe d’entreprise.
L'image collée sur son support va entrer dans la machine de découpe.
A l’été 2020, les premiers puzzles sortent de l’usine de Romans. Avec un double marché à la clé : les puzzles maison sous la marque Calypto (de 9 à plus de 1.000 pièces), que l’on retrouve dans les magasins de jouets classiques avec le reste de la gamme ; et les puzzles haut de gamme réalisés à façon pour des musées, des concepts stores…
Sentosphère conçoit le dessin, le fait imprimer par des imprimeries de Lyon ou Paris tandis que Cartonnage de Vaucanson colle l’impression sur carton, découpe le puzzle et le conditionne dans une boîte faite évidemment sur place. « Nous avons conçu des boîtes très compactes pour qu’elles tiennent moins de place dans les rayons des magasins, dans les placards des acheteurs et pour économiser la ressource. Nos boîtes sont deux fois plus petites que celles de nos concurrents qui préfèrent être vus davantage ». Véronique Debroise estime proposer un produit plus qualitatif que la concurrence (qualité du carton, toucher, couleur), tout en étant au même prix.
Lorsqu'elle ressort, les pièces sont découpées.
Pas de licence de dessins animés au programme chez Calypto. « Ça coûte 10 % de royalties et c’est l’une des raisons qui amènent les fabricants à baisser la qualité. Il y a aussi un engagement de volumes qui débouche sur une casse des prix à la fin de l’année », analyse la dirigeante qui n’a « pas pour objectif de devenir un acteur majeur du puzzle ». En un an, 70.000 puzzles ont été produits. La capacité actuelle est de 250.000 unités annuelles. Avec une marge de progression importante puisque la production n’est actuellement assurée que par une seule équipe.
L'objectif est de 600.000 puzzles par an dans trois ans.
Elles sont alors emballées dans un plastique qui sera inséré à la main dans la boîte.