Pierre-Emmanuel Martin et Pascal Richard, cofondateurs de Carbon, affichent tous deux une riche expérience dans l’industrie et le photovoltaïque.
François-Xavier Driant
Le premier est président-fondateur du groupe Terre et Lac et de la start-up My Energy Manager. Le second est l’un des fondateurs de SMA France et président d’AuRA Digital Solaire. À eux deux, ils portent un projet de gigafactory de panneaux photovoltaïques à dimension européenne, basée en France.
Carbon - c’est le nom de ce projet - espère être en mesure de fabriquer l’équivalent de 5 GW de panneaux photovoltaïques à horizon 2025, avant d’atteindre les 15 GW produits en 2030. À titre de comparaison, 29 GW de nouvelles capacités solaires ont été installés en Europe l’année dernière.
Selon les prévisions, le parc solaire européen actuellement installé (199 GW) devrait doubler d’ici 2025, puis quadrupler d’ici 2030. « La demande en panneaux photovoltaïques va donc continuer à augmenter massivement, pour atteindre environ 60 GW par an en 2025, puis 100 GW par an en 2030, à l’échelle européenne. Pourtant, face à la concurrence asiatique qui tire les prix vers le bas, la filière industrielle européenne du photovoltaïque reste fragile et sous-dimensionnée. Il est donc urgent d’agir pour changer d’échelle », expliquent les cofondateurs de Carbon.
On peut réussir le pari de la relocalisation en revenant sur des choses plus " mainstream "
Pour y parvenir, à un prix compétitif, la start-up industrielle entend utiliser des technologies photovoltaïques maîtrisées (TOPCon et IBC), adaptées à cette échelle industrielle, qu’elle souhaite faire progresser en investissant largement en R & D. « L’avantage de ces technologies réside dans le fait qu'elles sont très évolutives », explique Pascal Richard.
À partir de silicium européen bas carbone, la start-up souhaite produire lingots, wafers, cellules et modules de grande qualité. « Jusqu’à présent, c’est la partie offset qui a pêché. On peut réussir le pari de la relocalisation en revenant sur des choses plus " mainstream " », estime Pascal Richard.
Un centre R & D du futur pour les cellules photovoltaïques
« Carbon est un projet qui a les pieds sur terre. Notre originalité est de vouloir intégrer toute la chaîne de valeur, du silicium au module, pour produire des panneaux et composants photovoltaïques en Europe, qui répondent aux attentes du marché en termes de qualité et de compétitivité, complète Pierre-Emmanuel Martin. Cela implique une véritable vision industrielle mêlant à la fois des processus de fabrication traditionnels (chimiques, métallurgiques, électroniques…) et une chaîne de production à la pointe appuyée sur un centre R & D du futur pour les cellules photovoltaïques. »
Un investissement d’1,5 milliard d’euros
Pour mener à bien son projet de gigafactory qui représente un investissement d’1,5 milliard d’euros, Carbon est à la recherche de fonds, environ 150 millions d’euros, auprès de partenaires stratégiques (industriels du verre, de l’aluminium, du silicium, etc.), de fonds d’investissement privés, et de financements publics. « Il y a une réelle volonté du marché qui souhaite relocaliser. Les signaux sont forts et l’actualité récente nous a rattrapés plus vite que prévu, estime Pascal Richard. Nous entendons apporter une source d’électricité propre, compétitive, accessible à tous et produite en France. Nous sommes convaincus que Carbon a le potentiel de changer la donne pour le photovoltaïque en France et en Europe. » Selon ses estimations, Carbon pourrait générer la création de 2.000 emplois directs et 4.000 indirects.
Cet article a été publié dans le numéro 2493 de Bref Eco.