Claire Saddy est présidente de l'incubateur "Les Premières Auvergne-Rhône-Alpes" et rédactrice de l'appel Soutenir les femmes entrepreneures aujourd'hui pour ne pas reculer demain".
Cinq associations de soutien à l'entrepreneuriat féminin, dont Les Premières Auvergne-Rhône-Alpes, ont rédigé un appel pour demander au Gouvernement des mesures de soutien spécifiques aux femmes entrepreneures.
Plan de soutien aux entreprises, aux start-up, aux sociétés exportatrices et pourquoi pas, demain, aux femmes entrepreneures ? C'est en tout cas ce que demandent cinq associations de soutien à l'entrepreneuriat féminin* qui ont lancé, en début de semaine dernière, la pétition en ligne « Soutenir Les Femmes entrepreneures aujourd’hui pour ne pas reculer demain ».
« De nombreuses mesures destinées à accompagner les entreprises dans cette période de crise sanitaire ont été mises en place et nous les saluons. Pour les compléter efficacement, nous demandons qu’une attention spécifique soit portée à l’entrepreneuriat des femmes. Car en ce temps de crise inédite, penser à préserver la mixité dans la création d’entreprise nous semble indispensable », indiquent les rédactrices de la pétition.
Les entreprises détenues par des femmes ont plus de difficultés à se faire financer, entraînant une plus grande fragilité.
Elles sont soutenues par de nombreux signataires, dont Marie-Jo Zimmermann, députée honoraire, ancienne présidente de la Délégation aux droits des femmes de l’Assemblée nationale (2002-2012), Séverine Le Loarne, de la chaire FERE (Femmes et renouveau économique) à Grenoble Ecole de management, Emmanuel Carli, directeur général d’Epitech, et bon nombre d'associations (BPW Lyon, EM Lyon au féminin, En mode Up, PWN Lyon, Business Woman Lyon, Les Audacieuses, etc.).
Le collectif souhaite alerter sur la situation des femmes entrepreneures qui ont souvent plus de mal à financer leur entreprise : « Les chiffres le montrent, explique Claire Saddy, présidente de l'incubateur Les Premières Auvergne-Rhône-Alpes, elle-même entrepreneure. Les entreprises détenues par des femmes ont plus de difficultés à se faire financer, que ce soit au niveau des banques que des fonds d'investissement. Du fait de leur sous-capitalisation, les entrepreneures ont structurellement moins de capacités à résister à une guerre d'usure telle que celle que nous connaissons actuellement. »
Un ticket moyen levé deux fois moins élevé
Selon Sista, un collectif de femmes entrepreneures et investisseures qui veut promouvoir plus de diversité dans l'économie numérique en encourageant notamment plus d’investissements dans les entreprises dirigées par les femmes, les femmes reçoivent 2,5 fois moins de fonds que les start-up fondées par des hommes. Et le taux de rejet de crédit demandé par des créatrices d’entreprises est de 4,3 %, quand il est de 2,3 % pour les hommes !
Garantir une assurance chômage aux chefs d’entreprise
Or, les femmes créent plutôt des entreprises dans les domaines de la santé et des services. Des secteurs essentiels aujourd'hui et encore plus demain. Les signataires demandent donc au Gouvernement quelques mesures comme porter à 36 % (au lieu des 18 % actuels) la réduction d'impôt pour les investisseurs en capital dans des entreprises dirigées par une ou des femmes, ce qui, selon elles, « permettrait de doubler le montant des fonds levés ».
Elles proposent également deux mesures qui bénéficieraient tant aux hommes qu’aux femmes : garantir une assurance chômage aux chefs d’entreprise et imposer la réduction des délais de paiement à maximum trente jours pour les TPE/PME pour les achats des grands groupes et des organismes publics ainsi que la généralisation d’un acompte de 40 % à la commande.
Au moment où nous écrivons ces lignes, la pétition avait recueilli 327 signatures sur les 500 escomptés.
* Les rédactrices de l'appel : Claire Saddy (Les Premières Auvergne Rhône-Alpes), Isabella Lenarduzzi (JUMP, Solutions for Equality at Work), Cristina Lunghi (Arborus), Chantal Corbet (Business angel), Aurélie Ponzio (Réseau Mampreneures France), toutes membres du collectif Elle&Co.