Blandine Roche, directrice du bureau lyonnais d'Arkéa Capital.
DR
La filiale de Crédit Mutuel Arkéa spécialisée dans le financement des entreprises et des collectivités déploie désormais systématiquement ses offres selon un prisme RSE, que ce soit en haut de bilan ou en prêts. Une stratégie extra-financière clairement affichée.
Arkéa Banque Entreprises et Institutionnels entend être motrice dans le développement durable des entreprises qu’elle soutient. « Ces dernières années, explique Pierre Devillard, directeur du centre d’affaires de Lyon, notre banque a formalisé une stratégie ESG qu’elle applique systématiquement à ses nouveaux clients selon quatre thématiques : transition environnementale et énergétique, sobriété des modèles d’affaires, inclusion sociale, vitalité des territoires. Fin 2022, 35 % de nos financements étaient accordés selon ces filtres ; l’objectif est d’atteindre 50 % pour fin 2023 : la moitié de nos prêts et apports en capitaux seront alors fléchés sur des projets durables ».
Prêts à impact
Le fabricant isérois de fours industriels (650 personnes) ECM Group est un bon exemple de cette tendance. Fin mars, il souscrivait un prêt dit « à impact » de 3 millions d’euros auprès d’Arkéa ; la société familiale grenobloise entend en effet renforcer ses efforts en R&D pour décarboner et digitaliser ses activités. Idem pour les Hospices Civils de Lyon qui ont signé un prêt d’un montant de 10 millions d’euros sur vingt ans. Accessible dès 2 millions d’euros sur une durée comprise entre cinq et vingt ans, ce type de prêt, dénommé Arkéa Pact, prévoit une bonification pouvant atteindre jusqu’à 20 % d’économies sur les frais financiers, si l’emprunteur améliore ses performances ESG (Environnement, Social, Gouvernance). Les progrès dans ce domaine sont mesurés par la société EthiFinance selon une quarantaine de critères extra-financiers.
« Nous voulons démocratiser la finance à impact en direction des PME et PMI. En France, nous avons déjà accompagné selon ces critères 160 clients qui sont suivis et scorés, pour 860 millions d’encours à date, dont 17 en Auvergne Rhône-Alpes pour près de 55 millions d’euros d’encours », poursuit Pierre Devillard.
Afin d’accompagner ses clients parfois démunis dans leur politique RSE, Arkéa s’est dotée d’une Direction de la transition environnementale composée d’ingénieurs experts capables de répondre à des problématiques techniques autant que financières : méthanisation, géothermie, hydraulique, photovoltaïque, éolien, rénovation énergétique, etc. Elle propose également Spark, une plateforme permettant aux clients de mieux se situer en matière de RSE.
Investissement en capital : la logique ESG, encore
Du côté du capital-investissement, la filiale Arkea Capital déclare également sa volonté de contribuer au développement durable des entreprises et des territoires. Comment ? En intégrant systématiquement, elle aussi, une analyse ESG avant tout processus d’investissement.
Arkea Capital (7 bureaux, 50 collaborateurs, une centaine d’entreprises en portefeuille) a ouvert un bureau à Lyon en janvier 2021. Elle est actionnaire d’une dizaine d’entreprises du sud-est de la France dont, en Auvergne Rhône-Alpes, April (Lyon), Wichard (Thiers) ou encore Babymoove (Clermont-Ferrand). Elle investit toujours en minoritaire, avec des tickets allant de 1 à 50 millions d’euros. La société totalise 1,3 milliard d’euros sous gestion. « Nous venons de lancer notre deuxième fonds à impact et avons constitué un fonds de dotation en 2020 ; nous avons aussi lancé le fonds Arkea Cap Atlantique, ouvert aux particuliers désireux de financer l’économie locale », explique Blandine Roche, directrice du bureau lyonnais d’Arkea Capital. À petits pas, la finance change, elle aussi.