1973-1978 : pour Frédéric Adriaens, c’est la période de référence. Celle durant laquelle il s’est construit et a acquis cette volonté farouche d’aller de l’avant. “A l’époque, on voulait partir de chez nous pour vivre notre vie ! Personnellement, j’ai changé souvent d’école pour des questions de comportement, je ne supportais pas la hiérarchie. A seize ans, je pouvais partir trois jours avec un ami routier ! Après le bac, j’ai vécu plein d’expériences en France, à l’étranger, en faisant des petits boulots”. Ce que Frédéric Adriaens essaie d’expliquer, c’est qu’il a un caractère de conquérant et qu’il n’est pas du genre à attendre que les choses se passent. Mais, il a aussi bénéficié d’une aide précieuse de son père, lui-même entrepreneur tenace.
Frédéric Adriaens est le septième d’une famille de dix enfants issue du Nord et arrivée à Lyon en 1976. A l’époque, son père est en reconversion professionnelle. Son entreprise de travaux publics ayant périclité, il se lance dans les assurances. Le jeune Frédéric travaille un temps avec lui et achète un cabinet d’assurances à Villefranche. “C’était un métier trop statique qui n’était pas fait pour moi”, se souvient-il. Après deux ans, il abandonne et rentre chez le grossiste en peinture Vachon, avec pour mission d’ouvrir un département peinture dans les grandes surfaces de bricolage. Mission accomplie.
En 1990, il crée sa première entreprise avec deux associés. Leur métier ? Editeur de papier peint. C’est un succès. Mais, à nouveau, Frédéric Adriaens finit par s’ennuyer. Et il part en 2000 pour une année sabbatique durant laquelle il se découvre une nouvelle passion : l’informatique. En 2001, il est à la tête d’une agence web qui vend des sites à des collectivités. Il crée aussi une plateforme recensant les terrains disponibles dans les zones industrielles. En 2003, il rencontre un autre entrepreneur impliqué dans les logiciels de gestion commerciale avec lequel il fonde une nouvelle société, spécialisée dans la sécurisation des transferts de données sur le net. En 2008, avec vingt personnes, elle réalise 3 millions d’euros de chiffre d’affaires. Une réussite. Mais Frédéric Adriaens va une nouvelle fois bifurquer. Suite à son divorce, il éprouve le besoin de “revenir aux fondamentaux”, à l’univers de son enfance : le BTP. Il rachète une menuiserie à Villeurbanne. L’odeur de la sciure est un peu sa madeleine de Proust. Il va transformer cette structure en entreprise générale de bâtiment et, en dix mois, le chiffre d’affaires est multiplié par quatre. Mais en 2014, suite à un impayé de 100 000 euros, il doit liquider l’entreprise. Coup dur. “C’était ma première défaite”, raconte Frédéric Adriaens dans un lexique militaire qui révèle la façon dont il vit ses aventures. Il rencontre alors l’association “60 000 rebonds” qui va l’aider à repartir. “Je me suis retrouvé avec des gens bardés de diplômes qui avaient vécu les mêmes échecs. Grâce à eux et à des coaches, on se recentre sur ses qualités, on voit la vie de façon positive. Et lorsque l’on a un projet, un comité d’accompagnement est là pour nous aider”.
Et justement, quelques mois plus tard, un projet germe. Récemment, Frédéric Adriaens avait été confronté à la dépendance progressive de sa mère et à la nécessaire adaptation de sa maison. Sa nouvelle idée consiste à créer de petits villages dédiés aux personnes âgées en montant de petites maisons en bois adaptées et peu onéreuses. Ainsi, fin 2014, naît la société Intérieur-Extérieur et son projet “Quartiers d’avenir”.
Il s’agit de préconstruire les maisons en usine (chez un sous-traitant savoyard), le procédé ne nécessitant pas de fondations, puis de les installer, meublées, en zones péri-urbaines où les terrains sont peu chers et la demande forte. Et vendre le village à un investisseur (banque, collectivité, bailleur…) qui revendra ou louera les logements. Exemple type : un T3 de 60 m² sur 250 m² de terrain pour 100 à 120 000 euros. Un premier village, vendu au Crédit Agricole, devrait voir le jour début 2017 à Saint-Clair-de-la-Tour (Isère). La prochaine étape ? Intégrer à ces villages une conciergerie.
A 59 ans, Frédéric Adriaens ne pense pas une seconde à la retraite. Il intervient à la CGPME à la CCI. Et s’investit aujourd’hui chez 60 000 rebonds pour suivre les “ayant rebondi”.
Alban Razia
Bref Rhône-Alpes Auvergne n° 2243 du 27/04/2016
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