Composites Architectes
Linkcity (Bouygues Construction) a lancé la construction d’un immeuble de bureaux en bois sur la presqu’île grenobloise, dans le quartier Cambridge. Hormis sa base et son noyau en béton, Xylo sera végétal sur sept étages.
2023 un immeuble tertiaire en bois de sept étages au coeur de la presqu’île grenobloise devenue au fil des ans un incubateur d’initiatives tournées vers le développement durable. « Ce qui a fait la différence sur ce projet, c’est son mode constructif bois réduisant fortement son empreinte environnementale », déclarait, lors de la pose du « Premier bois », en février dernier, Carole Valade, responsable du développement immobilier sur l’agglomération grenobloise, chez Linkcity. Une fois livré, Xylo – clin d’oeil au mot xúlon qui signifie bois en grec ancien - bénéficiera d’une batterie de certifications et de labels environnementaux : BREEAM (Building Research Establishment Environmental Assessment Method) niveau Very good, BBCA (Bâtiment Bas
Carbone) niveau Performant qui atteste de l’exemplarité de l’empreinte carbone d’un bâtiment sur l’ensemble de son cycle de vie, E + C- (Énergie + et Carbone -) de niveau E3C2. Avec une telle carte de visite, le nouveau bâtiment végétal grenoblois ne peut que retenir l’attention.
Du végétal à tous les étages
Sur le plan constructif, Xylo proposera 2 700 m² de plateaux avec des fondations composées de 127 inclusions rigides qui plongent à 4,5 m de profondeur dans un sol limoneux. Le rez-de-chaussée est en béton avec une dalle haute afin de prendre en compte les risques d’inondation entre les rivières voisines du Drac et de l’Isère. Toujours en béton, le noyau central recevant les escaliers et les ascenseurs, sert d’appui au reste de la structure qui, dès le premier étage, devient entièrement en bois : planchers, poteaux, poutres et murs extérieurs en panneaux de bois massif en lamellé croisé. En dehors des panneaux solaires (qui n’interviendront pas dans l’alimentation en énergie du bâtiment), la production de chaud et de froid sera assurée par une pompe à chaleur
alimentée par géothermie et raccordée au réseau de la ZAC de la presqu’île. Ce réseau avait été initié dès 2014 dans le cadre du projet City Zen soutenu par l’Union européenne.
Une démarche très aboutie
Dessiné par le cabinet grenoblois Composites Architectes avec comme investisseur la société de Gestion Midi2i pour le compte de la foncière Valaura, le bâtiment s’installe en zone sismique de niveau IV et répond donc à des principes de construction particuliers. Sur la partie béton, sans surprise, les compagnons de Bouygues ont mis en place un radier
en assise de fondation plutôt que des semelles.
Un surplus de ferraillage est prévu dans les planchers et les parois dont l’épaisseur monte à 25 cm. Sur la partie bois, la contrainte sismique explique la mise en place de cornières métalliques en liaison sur les panneaux CLT (lamellés croisés) verticaux et horizontaux, soit un ajout global de 11 tonnes. Autre incidence, la multiplication conséquente
de visseries porte le nombre de vis par niveau à près de 11 500 unités. Le volume de bois engagé, soit 760 m3 de bois en panneaux et 80 m3 pour les poutres et les poteaux en lamellé-collé, a surenchéri le coût des travaux dont le montant HT s’élève à 7 millions d’euros. Mais comme l’explique Carole Valade : « le coût additionnel est tempéré par la
surface modeste (tout comme par le faible niveau de rotation
de camions, N.D.L.R.) ».
Le groupe Bouygues Bâtiment France & Europe s’est fixé comme objectif d’atteindre, à l’horizon 2030, une part de 30 % en bois ou en construction mixte bois-béton, sur les 500 à 600 bâtiments qu’il réalise chaque année. Cette démarche, baptisée Wewood, trouve en Xylo l’une de ses expressions les plus abouties.
Cet article est issu du hors-série « Territoires durables : Plus belle la ville ! » paru en mai 2023.