Luc Nadier est revenu du CES avec le prix "Human security for all".
Guillaume Bouvy
À seulement 24 ans, Luc Nadier a déjà à son actif huit ans d’entrepreneuriat. Fort d'un cursus en communication et marketing, il vient de lancer un projet ambitieux : la commercialisation de coques de téléphone d’autodéfense.
« Au cours de ces dernières années je me suis fait agresser au couteau trois fois ! », commence à brûle-pourpoint le fondateur de la start-up Safee. Luc Nadier poursuit : « En faisant des recherches, je me suis rendu compte que c’était un problème général : 68 % des Français se sentent en insécurité selon l’Insee. Safee a pour but de sécuriser et réduire cette insécurité présente dans les rues et dans la sphère personnelle par le biais d’une nouvelle technologie qu’on peut voir comme un assistant personnel de sécurité. »
De loin, son produit ressemble à une coque standard de téléphone portable. À y regarder de plus près, le produit renferme un circuit imprimé relié à une alarme. En cas de danger, l’utilisatrice ou utilisateur peut enclencher le système en pressant trois fois rapidement un bouton sur ladite coque. Cela déclenche un enregistrement vidéo et audio, ainsi qu’une géolocalisation qui sont stockés sur l’application et envoyés à des contacts de confiance. Cela déclenche également une alarme capable d’émettre à 130 décibels (soit 20 décibels de plus qu’une sirène d’ambulance par exemple), dans un but dissuasif. « Le produit n’est pas une réponse à l’agressivité, comme des sprays au poivre par exemple. Plus il y aura de bruit moins l’agression durera », commente le fondateur.
L’envol de la start-up après le CES
Tout juste revenu du CES (Consumer Electronics Show), qui s’est tenu début janvier à Las Vegas, Luc Nadier s’enthousiasme : « Nous avons pu présenter une version bêta. Nous étions partis avec une vision nationale, en se disant que nous commencerions doucement. Au CES nous avons pris des contacts avec des gouvernements qui étaient très intéressés par notre produit : la Colombie et le Mexique, notamment sur les questions de kidnapping, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, Israël et la Roumanie. Le Canada et le Japon ont aussi des grosses demandes. Dans chaque cas nous pourrons adapter le produit aux besoins spécifiques au pays d’utilisation. »
Objectif : lever 2 à 3 millions d'euros en 2023
Luc s’est entouré de deux autres associés (Théo Bondaz, 25 ans, pour le développement de l’application et le site web et Gregory Poirier, 53 ans, directeur commercial) tandis qu'une levée de fonds est en cours jusqu’à fin mars, pour réunir 200.000 euros afin de finaliser la production et commencer la commercialisation en France (10 embauches prévues). D’ici la fin de l’année, entre 2 et 3 millions devraient être levés.
Pour l’heure, les coques, qui sont déjà brevetées, sont produites littéralement à la maison, par une imprimante 3D. Les coques à destination de l’Europe seront produites quant à elles en France, en ESAT.
Le modèle économique repose sur l’achat du produit à 59,90 € TTC, auquel s’ajoute un abonnement de 2,90 € pour l’application. Pour 2023, la start-up table sur 10 à 20 millions d'euros de chiffre d’affaires pour le marché mondial.