Les robots ont conquis les 17 000 visiteurs du salon Innorobo qui a fermé ses portes le 20 mars dernier à Lyon.
Ils se nomment Baxter, Nao, Romeo ou encore Buddy, Sami et Poppy. Ces robots humanoïdes - et beaucoup d’autres, de forme plus industrielle - ont conquis les 17 000 visiteurs du récent salon lyonnais Innorobo, qui faisaient la queue pour se faire photographier auprès d’eux, leur parler et s’extasier face à leur “intelligence” et leur capacité à se mouvoir.
Les organisateurs ont eu l’impression d’avoir réussi l’un de leurs paris : “En ouvrant le salon au grand public, nous avons voulu donner envie aux jeunes générations, susciter des vocations pour des métiers qui vont créer beaucoup d’emplois dans l’avenir”, explique Bruno Bonnell. A l’origine des jeux vidéos (Infogrames) au début des années 1980, des services internet (Infonie) dix ans plus tard, ce visionnaire est persuadé que les robots vont envahir les villes, les maisons, les usines, les hôpitaux ou encore les écoles.
Alors, les robots annoncent-ils vraiment “la” révolution technologique du XXIème siècle ? Et, pour la France, une opportunité de réindustrialisation ? A voir tous les domaines et usages concernés et présentés sur Innorobo, on peut le penser. Assistance aux chirurgiens, aux personnes handicapées ou âgées, prothèses, transports autoguidés, logistique, surveillance, travaux en milieux hostiles, domotique, télé-présence, cinéma, archivage… on remplirait des pages pour décrire les applications robotiques possibles.
Côté entreprise, le robot a longtemps été accusé d’être un fossoyeur d’emplois. Il est aujourd’hui perçu, de plus en plus, comme un facteur de productivité et un enjeu majeur de compétitivité. Désormais soutenue par les pouvoirs publics, la robotique, en retard dans les PME françaises, devrait aussi profiter de la baisse considérable du prix des automates, pour autant que les entreprises acceptent les changements d’organisation générés par l’entrée des robots dans leurs ateliers.
La Région Rhône-Alpes a confié à Thésame et l’Ardi (Agence Régionale de l’Innovation) la mission de structurer l’offre robotique. “Rhône-Alpes, c’est le Lego® de la robotique : nous avons la chance d’avoir sur notre territoire des constructeurs de robots (Staubli et Adept) ainsi que toutes les briques nécessaires à leur conception : mécatronique, batteries, fabricants de capteurs, d’actionneurs, intelligence logicielle, etc.”, se réjouit André Montaud, directeur de Thésame. Reste à monter le Lego®, rassembler des acteurs (entreprises grandes et petites, labos, écoles d’ingénieurs) qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble, sur des projets multisectoriels. La structuration d’une robotique régionale aurait, par exemple, bien besoin de groupes comme Seb ou Somfy, Schneider ou Mobalpa… tous absents d’Innorobo.
Mais laissons le dernier mot à Bruno Bonnell : “Face à cette « Robolution », la France a une responsabilité d’invention. Et sa seule chance, c’est de créer des produits de très haute technologie, de rupture. A nous de savoir faire basculer nos innovations dans des produits et des usages nouveaux, de rapprocher les chercheurs des marchés”. Rhône-Alpes saura-t-elle relever le défi robotique ?
Didier Durand
@didierldurand
Photo : ©D. Durand. Humanoïde ou non, le robot va s’installer dans nos vies comme dans les entreprises.
Bref Rhône-Alpes n° 2155 du 26/03/2014
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