La Région Rhône-Alpes ne remettra pas de projet de reprise d’une partie des activités de l’association Erai (Entreprise Rhône-Alpes International) auprès du tribunal de grande instance, comme elle l’avait envisagé en s’appuyant sur l'Ardi, son Agence Régionale pour le Développement de l’Innovation. En effet, le Conseil Régional a rejeté, par 92 voix contre 64, cette hypothèse qui a été présentée à l’assemblée régionale ce lundi par le vice-président chargé du développement économique, Jean-Louis Gagnaire, soutenu par le président Jean-Jack Queyranne. On s’achemine donc vers la liquidation de la structure régionale d’aide aux PME, créée en 1987 sous la houlette d’Alain Mérieux (alors conseiller régional). C’est un coup dur à plusieurs titres.
Socialement d’abord : hormis quelques bureaux à l’étranger dont l’activité sera peut-être reprise (soit par des salariés, soit par des sociétés privées de conseil à l’international), l’association va donc disparaître, laissant sur le carreau 214 salariés (52 au siège lyonnais et 162 à l’étranger), avec des situations individuelles parfois très délicates.
Economiquement ensuite : sur le fond, l’utilité d’Erai n’est guère contestée. L’association aura permis à des centaines de PME rhônalpines de prendre leur envol sur des marchés étrangers, ce qu’elles auraient eu du mal à faire seules. Et le développement de leurs affaires à l’export a généré la création d’emplois en Rhône-Alpes. Les sociétés de conseil privées (via l’OSCI) et Business France (ex-Ubifrance) ne reprendront qu’une (petite ?) partie de l’activité de l’ex-Erai.
Politiquement enfin : à six mois des prochaines élections régionales, l’"affaire" Erai pourrait bien avoir un impact non négligeable sur la prochaine campagne, même si elle ne concerne finalement qu’un cercle d’initiés (une partie du monde économique) et que le grand public ne la connaît pas (encore). Car les accusations portées par la droite régionale, mais aussi par les Ecologistes envers l’actuel exécutif socialiste sont nombreuses : manque de transparence, dérives financières (salaires des dirigeants d’Erai, notamment), défaillance de la Région dans le contrôle de son bras armé à l’international, soutien abusif du président d’Erai (Daniel Gouffé) de la part de Jean-Jack Queyranne, etc.
On pourrait rajouter qu’à l’extérieur, en France, mais aussi à l’étranger, l’image de la Région Rhône-Alpes n’en sortira pas indemne.
D.D.