Jean-Christophe Guidollet a choisi les pots en verre de la marque Weck, qui permettent une conservation après stérilisation ou pasteurisation.
Véronique Vigne-Lepage
Des recettes de « chefs » cuisinées en bio et conditionnées en bocaux de verre : voilà ce que va produire et vendre, dès décembre, à Lyon, la société Capucine et Gaston. Mais ce n'est pas la seule particularité de cette jeune entreprise : elle va aussi permettre à des travailleurs handicapés de se former en situation de travail et d'accéder ainsi à des titres professionnels reconnus.
Sa levée de fonds via la plateforme de financement participatif Ulule est une réussite : Capucine et Gaston, société traiteur « bio et sociale » en cours de création à Lyon, vient de récolter quelque 15 K€, alors qu'elle en visait les 8.000 euros. La Fondation Société générale a doublé les participations jusqu'à l'atteinte de l'objectif initial, tandis que Rhône Développement Initiative-France Active, la Caisse d'Epargne ou encore de la coopérative financière NEF ont annoncé des prêts pour 250 K€ au total. D'autres fondations devraient permettre d'atteindre les 450 K€ nécessaires au projet.
Le fil conducteur du projet est l'attention aux plus fragiles et le désir de les aider à évoluer
Celui-ci est inédit : permettre à des personnes ayant la Reconnaissance de la qualité de travailleurs handicapés (RQTH) d'acquérir une qualification en travaillant à la production de plats à base de produits bio, conditionnés en bocaux de verre. Le fondateur, Christophe Guidollet, est un ancien communicant passé par la restauration. « C'est la synthèse de toutes mes expériences, dont le fil conducteur est l'attention aux plus fragiles et le désir de les aider à évoluer », commente le quinquagénaire, dont l'un des enfants a la RQTH.
Production en série
La production devrait débuter en décembre, pour atteindre 100 bocaux par jour en 2020, puis jusqu'à 400 en 2024. Elle sera assurée dans un local de 280 m2 loué (à des conditions avantageuses) à la Sacvl à Lyon-Gerland. « Nous envisageons six gammes, comportant entrées, plats, desserts, explique Jean-Christophe Guidollet, ainsi que des terrines, tapenades, etc. ». Ces produits seront vendus dans un restaurant (midi uniquement) et une boutique créés sur place, et livrés à des entreprises voisines et à des magasins bio. Chiffre d'affaires prévisionnel : 400 K€ en 2020, 600 en 2021 et 900 K€ en 2024.
Des recettes de chefs lyonnais
Les recettes sont offertes par des chefs lyonnais, dont l'image, en contrepartie, sera portée par les bocaux : Cédric Blin (Bistrot des Voraces), Edouard Vergoin (Le Substrat), Marc Boissieux (L'Inattendu), Grégory Cuilleron… Pour les approvisionnements, Jean-Christophe Guidollet noue aussi des partenariats avec des structures de la filière bio en privilégiant celles qui visent, elles aussi, l'insertion de personnes handicapées.
Projet européen « Zero Barrier »
Les personnes ayant la RQTH (de 3 à 8), encadrées par 4 salariés permanents, seront stagiaires de la formation professionnelle. Leurs tâches seront segmentées, pour éviter le stress et pour certifier en situation de travail chaque compétence, comme le veut le projet « Zero Barrier » sur lequel s'appuie le projet. Déjà expérimenté en Alsace par la Scic Solivers, celui-ci est soutenu par le Fonds social européen dans le cadre du programme « Emploi et Inclusion ». In fine, ces personnes pourront obtenir un Certificat de qualification professionnel (CQP) reconnu dans le milieu ordinaire.