En redonnant aux personnes en difficultés un cadre de stabilité, de sécurité et d’intimité pour la nuit, les entreprises hôtes des Bureaux du coeur les aident sur la voie de la réinsertion.
Monsieur Roni
Créée en janvier 2020 à Nantes par un chef d'entreprise, l'association Les Bureaux du cœur veut développer l’usage des locaux professionnels, le soir et le week-end, pour l'accueil de personnes en grande précarité. À Lyon, quinze entreprises ont déjà franchi le pas et ouvrent leurs bureaux pour permettre à des personnes sans abri de dormir au chaud. L'association recherche d'autres entreprises prêtes à s'engager.
C'est en voyant le même SDF, tous les matins, dans la descente d'escalier de son immeuble de bureaux que ce chef d'entreprise nantais a eu l'idée des Bureaux du cœur. Ses bureaux - chauffés - étant inoccupés les soirs et les week-ends, pourquoi ne pas les proposer à une personne dans le besoin ? Ainsi est née l'association Les Bureaux du cœur, qui compte aujourd'hui 22 délégations en France, dont Lyon et Grenoble dans la région.
Des horaires à respecter
À Lyon, une quinzaine d'entreprises (Omnium, Spark Lab, M Fresh, Elmy, Flexjob, KPMG, etc.) participent aujourd’hui à la démarche et mettent à l’abri un invité en situation de précarité. Les personnes hébergées sont identifiées par des associations partenaires des Bureaux du cœur. Avec des critères à respecter : « Il doit s'agir d'une personne majeure, seule, sans animaux, et que la personne soit autonome et ne souffre pas de troubles (addictions, problèmes psy, etc. », liste Jean-Jacques, bénévole à l'antenne lyonnaise des Bureaux du cœur. Une fois le candidat identifié, une rencontre avec l'entreprise accueillante est organisée. Si le courant passe, un contrat est signé entre les parties : « Il s'agit de définir les horaires d'accueil, les règles internes. Le contrat court sur trois mois, renouvelable une fois. ».
90 % des personnes à la rue ont une activité en journée
De son côté, l'entreprise accueillante doit simplement mettre à disposition du bénéficiaire un espace nuit (lit pliant, fauteuil convertible, etc.), un rangement et lui laisser l'accès à un coin cuisine, aux sanitaires et aux douches, si l'entreprise en dispose. L'espace reprend sa fonction initiale en journée. « Il faut savoir que 90 % des personnes à la rue ont une activité en journée (formation, travail, etc.). Ce sont souvent des accidentés de la vie qui veulent s'en sortir, explique Jean-Jacques, le bénévole. Avec les Bureaux du cœur, l'objectif est d'aider la personne à mettre toutes les chances de son côté pour se réinsérer ». Une forme de solidarité directe qui fonctionne, en redonnant à ces personnes un cadre de stabilité, de sécurité et d’intimité.
Impliquer les salariés qui le souhaitent
Ensuite, libre à chaque entreprise de pousser la démarche plus loin. « Dans une PME, les salariés se relaient à tour de rôle pour venir prendre le petit-déjeuner avec la personne hébergée. Dans une autre, le DRH a aidé l'invité à refaire son CV et l'a entraîné à passer des entretiens d'embauche ».
« 80 % des entreprises qui tentent l'expérience se réengagent », ajoute Jean-Jacques. En 2023, 24 personnes ont ainsi été accueillies à Lyon par les entreprises engagées dans la démarche. Mais les besoins sont énormes ! Rien qu'à Lyon, il y aurait 30.000 sans-abri. C'est pourquoi l'association recherche activement d'autres entreprises prêtes à ouvrir leurs portes. À noter que pour les entreprises locataires, un accord du bailleur est nécessaire.