Les difficultés rencontrées par Sillia VL pour relancer l’ancienne usine de Bosch à Vénissieux sont révélatrices de l’évolution du secteur, placé sous le parapluie d’un règlement européen anti-dumping.
Depuis sa reprise par le groupe Sillia, l’usine lyonnaise d’assemblage de modules photovoltaïques vit sous perfusion et au ralenti. Par suite d’un “incident d’approvisionnement”, sa production a été interrompue dès le mois de juillet, quelques semaines seulement après son redémarrage. D’autres journées de chômage partiel ont été observées par ses 125 salariés en septembre et octobre. L’activité devrait réellement reprendre le 2 décembre après un mois (presque total) d’arrêt.
La direction du groupe Sillia explique ce retard à l’allumage par la lente gestation des projets retenus dans le cadre du deuxième appel d’offres de la Commission de régulation de l’énergie. Seule éclaircie dans ce ciel plombé, une première commande de la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) de 75 000 panneaux pour ses quatre futurs parcs de Saint-Restitut, Beaucaire, Aspres-sur-Büech et Curbans. Ces installations représentent une puissance installée de 19,5 MWc, soit “un mois et demi de travail (pour Sillia-Vénissieux, ndlr)”, précise Elisabeth Ayrault, présidente de la CNR.
Malgré les aléas, la direction de Sillia a tenu à poursuivre la production. Ainsi 48 000 panneaux sont stockés sur les sites de Vénissieux et de Lannion (Côtes d’Armor) dans l’attente de la signature définitive des contrats. Un stock de 7 millions financé grâce au soutien de banques et de Bpifrance en particulier.
Comme annoncé en début d’année, le groupe présidé par Bruno Cassin confirme de futures commandes avec Langa Solution et Urbasolar. La première devrait être conclue en décembre et être supérieure à celle de la CNR. La seconde, qui représentera “20 % de l’activité” du site lyonnais, émane du partenaire et actionnaire de Sillia VL. “Entre 160 et 180 MW” devraient être produits en 2015, selon Michel Jouan, directeur général de Sillia. Autre confirmation : l’engagement d’un “partenariat durable” avec le taïwanais BenQ qui va confier la fabrication de ses modules photovoltaïques pour le marché français à l’usine de Lannion. De quoi assurer du travail à ses 47 salariés en 3X8.
Mais les salariés de Vénissieux ne croient pas à une embellie. Pour eux, il n’y a rien de nouveau sous le soleil de Sillia. “Nous n’avons plus confiance dans les paroles car les actes ne suivent jamais”, fulmine Franck Fontimpe (CGT). Les dirigeants de Bosch ne sont pas loin de partager ce constat. Le groupe allemand, qui s’est engagé à verser 3,1 millions d’euros par an pendant trois ans aux repreneurs pour accompagner le redémarrage de l’activité, s’interroge aussi sur la pérennité de Sillia.
Vincent Charbonnier
Photo : La CNR (ici, sa Pdg Elisabeth Ayrault) a commandé 75 000 panneaux solaires à Sillia.
Bref Rhône-Alpes n° 2180 du 13/11/2014
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