Vous en connaissez sans doute, de ces internautes compulsifs, branchés non stop sur les sites d’actualité, de e-commerce ou de jeux, en contact permanent avec leurs “amis” des réseaux sociaux ou montrant leurs photos de vacances à la terre entière. Mais face à cette déferlante d’informations en tous genres, voici qu’apparaissent ceux qui, au contraire, veulent s’en protéger, ne serait-ce que de temps en temps. Face à la vague, ils construisent leur digue. C’est ce que nous dit l’enquête d’Ipsos “Trend Observer 2016” présentée début mars à Lyon et qui, depuis quinze ans, nous fait découvrir les signaux annonciateurs de vraies tendances sociologiques. A connaître quand on est chef d’entreprise, manager, marketeur, commercial ou directeur des ressources humaines.
La vague, donc. Plutôt un tsunami, d’ailleurs, qui nous arrive quotidiennement en plein écran ! Alors, pour ne pas se faire emporter par le courant, aussi enthousiasmant que dangereux, ils seraient de plus en plus nombreux, selon Ipsos, à vouloir reprendre leur souffle, redevenir maîtres de leur temps, réinvestir le réel. Dans un environnement très chaotique, l’accomplissement de soi revient en force (cf. la mode du yoga et de la méditation !). Les trend setters (personnes qui “font” les tendances) veulent “trouver le bonheur intérieur et pas seulement le succès extérieur”.
Ainsi, ils refusent de se faire noyer dans le flot numérique et entendent se protéger contre l’épilepsie internet. Ils envisagent même de se déconnecter… parfois. Ils trient et établissent leur propre stratégie multicanale, se concentrant sur un seul site ou un seul réseau. Ils réduisent leur navigation aléatoire sur la toile et utilisent des logiciels bloqueurs de pub. Pour eux, less is more. Et l’on voit désormais des hôtels volontairement sans internet… Regagner sur le temps digital et retrouver du lien social avec sa famille ou ses amis : l’ère du “phygital” est ouverte.
Conclusion pour les marques : “Surtout ne pas saturer les consommateurs. Et s’insérer dans leur tempo. Ainsi, l’opticien américain en ligne Warby Parker propose aux internautes d’essayer à domicile cinq paires de lunettes durant cinq jours, afin de choisir dans les meilleures conditions”, explique Thibaut Nguyen, directeur d’études chez Ipsos. Attentives à leurs clients, ces entreprises parient sur la qualité, le respect de l’environnement, le rêve, le sens, le story telling… comme ce fabricant anglais de smoothies qui propose des poèmes à ses clients ou cette marque distributeur qui écrit des blagues sur ses emballages.
Ni intrusive, ni chronophage : l’entreprise doit devenir l’alliée du consommateur. “C’est un renversement dans la relation entre la marque et le client”, conclut François de Sars, directeur général adjoint d’Ipsos. “Avec le consomm’acteur, celle-ci s’équilibrait. Désormais, c’est à la marque de trouver sa place dans l’univers du client. Le consommateur prend le pouvoir avec une idée en tête : juste pour moi, quand je veux et où je veux”.
Didier Durand
@didierldurand
Photo : François de Sars, directeur général adjoint d'Ipsos.
Bref Rhône-Alpes Auvergne n° 2241 du 13/04/2016
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