L’actualité économique en Auvergne-Rhône-Alpes

Samedi 27 Avril 2024

Cap entrepreneur AVEC EM lyon

Léthicia Rancurel : « Les femmes doivent prendre toute leur place dans les conseils d’administration »

Léthicia Rancurel : « les femmes restent sous-représentées dans les conseils d’administration ».

Léthicia Rancurel : « les femmes restent sous-représentées dans les conseils d’administration ».

Après un doctorat en sciences appliquées et un début de carrière dans l’industrie en tant que responsable de projets de recherche, Léthicia Rancurel a dirigé la création, à Lyon, du Tubà, un living lab pour la ville du futur dont elle en assure aujourd’hui la direction. Également administratrice et vice-présidente de Lyon French Tech*, elle a suivi la formation « Objectif administratrice » d’emlyon business School en partenariat avec le cabinet Her Value afin de valoriser son apport aux conseils d’administration dont elle est membre.

Scientifique de formation, spécialiste de la fonctionnalisation de couches minces à la surface du verre, Léthicia Rancurel a démarré sa carrière dans les centres de recherche du groupe Saint-Gobain en développant des solutions pour l’aéronautique et le bâtiment.

« Outre la R & D en tant que telle, la recherche sur ces sujets impliquait des dépôts de brevets et les phases d’accompagnement à l’industrialisation. C’est ainsi que j’ai fait mes premières armes en management de l’innovation », se souvient-elle.

En 2007, elle rejoint les directions Marketing, Stratégie et Innovation dans une équipe en charge de mettre en adéquation les technologies du groupe et les besoins des marchés, notamment dans les pays émergents. Elle complète alors sa formation initiale par un Master en Marketing Stratégique International. « L’objectif de l’équipe était d’avoir une vision mondiale des filières d’intérêt sur le plan technique et marketing, et d’alimenter par ces études stratégiques toutes les business units du groupe Saint-Gobain. »

Du bâtiment à la ville

En 2012, elle « passe du bâtiment à la ville » en animant le consortium porteur du lieu d’innovation et d’expérimentation Tubà. « Il s’agissait de créer un dispositif d’animation autour des données urbaines, et de gérer des projets d’innovations communs à plusieurs acteurs de la ville, entreprises, collectivités, chercheurs, ceci dans un lieu physique hébergeant des start-up et en interaction avec les citoyens. » Devenue la directrice de l’association, elle en anime le conseil d’administration et, parallèlement, est administratrice et vice-présidente de Lyon French Tech. « Venant d’un grand groupe, j’étais habituée à un fonctionnement processé où les décisions sont appliquées sur un modèle descendant. Dans une structure associative plus agile, mais avec 45 partenaires, je voulais être sûre de me poser les bonnes questions et de bien comprendre comment faire participer au mieux mes administrateurs à la feuille de route stratégique et opérationnelle. Il fallait aussi que je prenne en main mon propre rôle d’administratrice, car Lyon French Tech devait trouver son positionnement en fédérant les acteurs de l’accompagnement des start-up. »

La dirigeante se tourne alors en 2017 vers le certificat « Objectif Administratrice » d’emlyon business school et du cabinet Her Value, qui vise à former des femmes à l’exercice de ce poste. « C’est aussi pour moi une démarche militante : les femmes restent sous-représentées dans les conseils d’administration. Nous devons nous saisir de ce dossier-là, être préparées pour que les quotas prévus par la loi Coppé-Zimmermann (40 % de femmes dans les conseils d’administration, NDLR) puissent être appliqués. »

Assumer pleinement son rôle

Le module de formation de six mois, à raison de deux jours par mois, lui donne des clés pour assumer pleinement son rôle d’administratrice. « Les mises en situation étaient particulièrement riches. Nous avons simulé des conseils d’administration tendus. Le vivre est beaucoup plus marquant qu’un cours magistral. Les témoignages d’administrateurs et dirigeants sur leurs expériences et leurs attentes ont aussi constitué un apport précieux. »

Un autre intérêt de la formation réside dans le réseau qu’elle permet de constituer : « Dans notre génération, nous avons très peu de modèles de femmes dirigeantes. Des femmes inspirantes, comme Cécile Lazorthes ou Isabelle Kocher, évoluent dans des mondes encore très masculins. Les échanges avec les autres femmes de la promotion sont également essentiels. Nous continuons de nous suivre, de partager nos évolutions, de confronter nos expériences. Une entraide s’est développée, c’est aussi le rôle d’une administratrice que d’activer ses contacts quand cela peut être bénéfique pour une personne de son réseau ou une entreprise ! »

Un an et demi après sa formation, la directrice et administratrice a gagné en assurance vis-à-vis de ses partenaires : « Je suis mieux à même de comprendre le rôle et la posture de chaque administrateur mais aussi d’accompagner les entreprises en oeuvrant au sein de leur conseil d’administration ! »

 

*Devenue en mai 2019 French Tech One Lyon Saint-Etienne

  • Bruno Mortgat
Haut de page