A peine trentenaire, autodidacte, Hervé Legros est à la tête d’Alila, premier promoteur privé de la région lyonnaise. Une entreprise qu’il a créée seul, à 19 ans seulement.
Voilà un homme qui sait où il va. En tout cas, c’est ce qu’Hervé Legros laisse penser. Grand, blond, élancé, cravate fine, tiré à quatre épingles dans un costume moderne, le jeune promoteur est amateur de designs épurés. Ses bureaux, installés sur 600 m2 au dernier étage de la Cité internationale de Lyon, sont là pour le prouver.
Prédominance de blanc, mobilier laqué, grandes surfaces vitrées donnant sur le parc de la Tête d’Or avec néanmoins quelques fleurs pour adoucir la rectitude des lieux. D’ailleurs, Hervé Legros revendique un attachement pour l’ordre, concédant volontiers sa préférence pour la compagnie de personnes plus âgées que lui.
Pourtant, l’entrepreneur, à peine trentenaire et déjà fondateur du premier promoteur privé de la région lyonnaise, n’était pas très assidu en classe. En situation d’échec scolaire, il abandonne très tôt l’école pour entamer un CAP plomberie, qu’il redoublera. “Je n’ai aucune revanche à prendre sur l’école, je me tourne plutôt vers l’avenir. Mais je reste cependant convaincu que le rôle de l’école et de l’Etat est déterminant à l’adolescence”.
Fils d’un conducteur de travaux, il passe donc ses jeunes années sur les chantiers. A 18 ans, il entre dans une agence immobilière en tant que vendeur. Un tournant dans sa vie de jeune adulte. “J’avais une autre ambition que d’être plombier. J’aime le commerce, j’aime les affaires...” Un an plus tard, il crée sa première agence. Portée par un secteur en pleine expansion, sa petite entreprise grossit rapidement. Au plus fort de son activité, il emploie 17 vendeurs. Il finit par vendre la société en 2008, aux prémices de la crise.
Il se consacre alors pleinement à la promotion immobilière, qu’il avait développée en parallèle via HPL Promotion devenue aujourd’hui Alila*. Son ambition s’affirme. “J’avais envie de bâtir quelque chose, de réussir, et comme je n’avais rien à perdre…” Il imagine alors un véritable projet d’entreprise en s’inspirant de ses icônes : Trump, Tapie, Dreyfus, Aulas, ou de success stories locales comme April ou Infogrames.
De la construction de maisons groupées, il finit par s’intéresser au marché des logements sociaux, délaissé par la plupart des promoteurs. Comme easyJet ou Ryanair, Hervé Legros développe un modèle d’affaires agile et frugal, lui permettant d’être très compétitif. “On fait du bien au logement social. En quelque sorte, je suis le Free de l’immobilier !”
A partir de 2007, il enchaîne les contrats, profitant notamment de l’augmentation de 20 à 25 % de la part obligatoire de logements sociaux dans les villes. En 2014, son chiffre d’affaire atteint ainsi 92 millions d’euros, en hausse de 19 % sur un an. Le groupe, qui prévoyait la livraison de 400 à 500 logements, en a finalement livré 980. Et en 2015, fort d’une implantation à Paris et à Bordeaux, le chiffre d’affaires de l’entreprise devrait bondir à 150 millions d’euros. Des résultats qu’il n’aurait pu obtenir sans un management à l’anglo-saxonne, affirme-t-il. “Je suis exigeant avec mes collaborateurs. Respect, proximité et rigueur sont nos maîtres-mots”. Mais cette croissance exponentielle est surtout le fruit d’une mutation engagée en 2012. C’est à cette date qu’HPL Promotion devient Alila.
Hervé Legros lève alors 5 millions d’euros sur le marché obligataire, s’entoure d’entrepreneurs reconnus tel que l’ancien président du directoire de Norbert Dentressangle Jean-Claude Michel, tout en structurant sa communication.
Un changement d’échelle qui lui laisse, malgré tout, le temps de s’occuper de sa famille. “Je ne suis pas un homme aux mille projets”. Marié depuis dix ans et père de deux jeunes enfants, Hervé Legros y trouve son “équilibre”. Il nourrit également une passion pour l’architecture qui l’amène à voyager vers Singapour, Londres, les Emirats ou la Chine, appréciant “le dynamisme des villes nouvelles”. Amateur de plats simples - jamais d’excès, salade et poisson grillé à chaque repas - Hervé Legros se lève tôt, ne fume pas, ne boit pas, et ne fait pas de sport. D’ailleurs, il n’en fait pas de secret : “Je ne suis pas un garçon fun”.
Steven Dolbeau
@sdolbeau
* Alila : 21 personnes ; marge brute : 5 % du chiffre d'affaires.
Bref Rhône-Alpes n° 2203 du 28/05/2015
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