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Vendredi 10 Mai 2024

Portraits d'entrepreneurs audacieux AVEC KPMG Auvergne Rhône-Alpes Bourgogne Franche-Comté

Mathieu Coutier (Akwel) : « La réponse, c’est la qualité du travail »

Mathieu Coutier, président du directoire d'Akwel.

Mathieu Coutier, président du directoire d'Akwel.

Avant de devenir un groupe international présent dans vingt pays et affichant près d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires, Akwel a été l’aventure de trois frères unis par leur enfance laborieuse et leur éthique de travail. Un état d’esprit qui se perpétue aujourd’hui avec la génération suivante : pour Mathieu Coutier, le travail reste une valeur fondamentale dans l’entreprise comme dans la vie.

Akwel vient de fêter ses 50 ans d’existence. L’occasion est belle, bien sûr, de replonger dans l’histoire d’un groupe industriel et d’une aventure qui forcent le respect. Une saga familiale qui s’est développée à l’ombre des projecteurs médiatiques. Chez les Coutier, à Champfromier (Ain), la discrétion est de mise, c’est même une seconde nature. Une réalité que Mathieu, aujourd’hui à la tête du groupe, tente d’expliquer : « Nous n’avons pas un grand besoin de faire parler de nous. En tant qu’équipementiers automobiles, nous communiquons directement avec nos grands clients de l’automobile, cela nous suffit. Et comme ils ne sont pas très nombreux… ». Pourtant, les occasions de se mettre en avant n’ont pas manqué.

Pas à pas vers l’automobile

Il faut remonter le temps pour mieux comprendre les raisons du succès construit avec patience et ambition par Akwel. Remonter aux racines paysannes et montagnardes de la famille Coutier. « Ma grand-mère a toujours conseillé à mon père et ses frères de ne pas reprendre la ferme familiale qui ne comptait que quelques vaches. Elle voulait leur éviter la dure réalité d’une activité qu’elle estimait sans grand avenir, dans ce village du pied du Jura au climat parfois rude », raconte Mathieu Coutier. C’est ainsi que son père André, justement, est allé faire des études dans la ville voisine d’Oyonnax, qu’il a conclues par un BTS de Plasturgie.

En 1972, André et ses deux frères se lancent, donc. Avec… pas grand-chose. Des débuts dans une grange, une première presse à injecter qu’ils ont pu financer en convainquant une banque locale de leur accorder un prêt. Le premier produit fabriqué est un battant de toilettes. L’équipe de l’entreprise Coutier va rapidement convaincre ses partenaires. Une autre presse, puis une troisième, etc. permettront à l’entreprise de diversifier ses productions, jusqu’au jour où elle entre dans l’automobile avec la première commande,

En 1978, un virage est pris en direction du secteur automobile, avec la première commande directe signée Peugeot. Avec le rachat d’un mécanicien local, la société devient MGI Coutier et renforce ses compétences : la plasturgie est désormais complétée par le travail du métal. Ce qui va permettre à l’entreprise de commencer à proposer des pièces automobiles plus complexes. MGI Coutier devient progressivement équipementier, prenant en charge la conception et la réalisation de sous-ensembles complets, aspirée par les commandes de plus en plus importantes et sophistiquées.

Il faudra s’adapter et continuer à innover, c’est tout. De toute façon, il n’y a que le travail qui permet de réussir

La position atteinte par MGI Coutier, qui a changé de nom pour devenir Akwel en 2018, doit beaucoup à la qualité des pièces qu’elle est capable de fournir à des clients automobiles hyperexigeants. Elle doit autant à sa capacité d’innovation : les fonctions évoluent en permanence, dans l’habitacle comme sous le capot des voitures. Il est nécessaire de proposer de nouvelles solutions. Ce sera inévitablement le cas avec la révolution automobile désormais enclenchée : voiture électrique, e-mobilité, hydrogène, diminution des pollutions… autant de nouvelles directions qui n’inquiètent pas outre mesure Mathieu Coutier : « Il y aura autant de pièces plastiques dans la voiture électrique que dans la voiture thermique. Il faudra s’adapter et continuer à innover, c’est tout. De toute façon, il n’y a que le travail qui permet de réussir ».

Il faut toujours rester modeste : ce n’est pas parce que vous avez réussi hier que ce sera encore le cas demain

Entré dans le groupe en 2001, l’actuel président du directoire, soutenu à la direction par plusieurs autres membres de la famille, Mathieu Coutier ne parle pas d’audace, il la vit. « J’ai été bien accompagné, notamment par mon père qui m’a fait confiance et m’a laissé assez d’autonomie pour que je m’épanouisse. J’ai voulu apporter autre chose, faire mes preuves et montrer que j’étais capable. Mais il faut toujours rester modeste : ce n’est pas parce que vous avez réussi hier que ce sera encore le cas demain ».

L’INFO EN + : Akwel est cotée en Bourse depuis 1994. « Mais nous n’y avons jamais levé de fonds, affirme Mathieu Coutier. En réalité, cette entrée correspondait à la volonté de quelques actionnaires historiques de sortir du capital. Il fallait donc trouver un peu de liquidités ». Aujourd’hui, le flottant atteint à peine 30 % du capital d’Akwel. Et ça ne devrait pas beaucoup changer dans l’avenir.

 

Akwel en chiffres

39 usines dans le monde

10 000 collaborateurs dans le monde, dont 1 100 en France et 300 à Champfromier

CA 2021 : 922 M€

Capital détenu à 70 % par la famille Coutier

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