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Vendredi 10 Mai 2024

Edition déléguée AVEC Connect'iae lyon

Intégrer les migrants par le logement

De gauche à droite : Catherine Mercier-Suissa et Noémie Dominguez

De gauche à droite : Catherine Mercier-Suissa et Noémie Dominguez

C’est un vaste programme de recherche qu’ont entamé Noémie Dominguez et Catherine Mercier‑Suissa : les deux enseignantes‑chercheuses de l’iaelyon pilotent le projet Merging‑Intégration for Migrants qui a obtenu un financement de trois millions d’euros sur 3 ans dans le cadre du programme européen Horizon 2020. Au coeur de ce travail : l’habitat comme support d’accueil des migrants.

En réponse à l’appel à projets européen Horizon 2020 Migration, Catherine Mercier‑Suissa et Noémie Dominguez ont proposé une recherche sur l’accès au logement pour les migrants. Porté par un consortium international et pluridisciplinaire (lire encadré), leur projet fait partie des trois dossiers retenus par l’Union Européenne parmi 58 candidatures. « Nous avions déjà travaillé sur ces questions de logement de personnes dans le besoin, avec l’association Notre‑Dame des Sans‑Abri ou encore avec Quatorze, un collectif d’architectes et d’urbanistes », précise Catherine Mercier‑Suissa.

Migration, urbanisme et inclusion

La première étape du travail, qui s’étend sur trois ans, sera d’étudier les pratiques en cours en Europe. Examiner les politiques d’intégration dans différents pays, comparer les initiatives individuelles et les pratiques plus institutionnelles, permettra alors de passer à une deuxième étape : celle de concevoir et mettre en oeuvre des dispositifs participatifs d’intégration par le logement… avant de les tester. Il s’agira aussi de proposer des recommandations aux acteurs publics, à la croisée entre politique migratoire, urbanisme transitoire, stratégie d’inclusion et lutte contre la pauvreté.

Des pratiques encore marginales et très diverses

Au sein du consortium, l’association d’architectes Quatorze apportera une expertise riche en la matière. Entre autres constructions, elle a déjà réalisé, en Ile‑de‑France, des micromaisons en bois selon le concept IMBY (in my backyard, en opposition avec l’acronyme Nimby pour Not in my backyard). En clair, il s’agissait de dessiner, avec les migrants (futurs occupants), les hôtes et les habitants du quartier, des constructions à installer… au fond du jardin d’un propriétaire solidaire. D’autres initiatives fleurissent çà et là, comme CarAcol (colocation temporaire mixte), Singa (accueil de personnes réfugiées), Hamo (plusieurs petites maisons en colocation), Maison Bessoulie (tiers lieu d’hospitalité)… autant de laboratoires sociaux pour un hébergement citoyen et solidaire.

Barrières administratives

« Les idées ne manquent pas, mais leur application butte le plus souvent sur des barrières administratives. Et l’accueil des collectivités n’est pas toujours enthousiaste, même si certaines sont plutôt favorables à ce genre d’expérience, explique Noémie Dominguez. L’idée n’est pas que les gens accueillis restent indéfiniment dans ce type de logements. L’issue, c’est la formation… et un emploi. Un travail de fond doit donc aussi être mené avec Pôle emploi et les entreprises. » Le logement n’est que la première étape vers le droit au travail et à la santé. Et ça, c’est une autre histoire.

 

Cet article a été publié dans le magazine Connect'iaelyon, rubrique Dossier | Think Tank.

Un consortium pluridisciplinaire

 

Une des conditions posées par l’Union Européenne dans son appel à projets H2020 Migration était de créer des équipes de recherche de plusieurs nationalités et de nature pluridisciplinaire. Le consortium Merging est constitué des membres suivants :

 

Six partenaires universitaires

- Université Jean Moulin Lyon 3 - iaelyon et Laboratoire Magellan : économie et gestion

- Université Rennes 1 et EHESP : santé et sociologie

- Università di Bologna (Italie) : sciences de l’éducation et gestion

- Universitat de València (Espagne) : sociologie

- University of Gothenburg (Suède) : sciences politiques

- Malmö University (Suède) : économie

 

Quatre autres partenaires

- Lyon Ingénierie Projet (LIP - Lyon 1) : accompagnement au montage et à la gestion du projet.

- L’association Quatorze (France et Espagne) : créée en 2007, elle transmet, développe et promeut des architectures sociales et solidaires pour des territoires agiles et résilients.

- Social Business Earth (Lugano, Suisse) : formation de bénévoles travaillant dans des ONG.

- Collectif d’échanges pour la Technologie Appropriée (Cota ; Bruxelles) : cabinet de conseil dans l’évaluation des politiques publiques.

 

Retrouvez les expertises des chercheurs de l’iaelyon en actualité sur le blog www.thinklarge.fr

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