Il y a plus de 4 000 ans, les Égyptiens inventaient le Kôl pour prévenir et soulager les infections oculaires… Une belle référence pour Sophie Momège, fondatrice des Laboratoires Kôl dédiés à l’ophtalmologie.

Créés à l’automne 2020 pour « apporter une solution efficace à des problèmes non couverts », les Laboratoires Kôl ont commercialisé leur premier produit en juin 2021. D’abord sur le marché français puis au Maghreb. L’expérience professionnelle de la fondatrice et des membres de l’équipe de direction explique ce court délai : « Nous sommes une start-up de vieux, plaisante Sophie Momège qui ajoute. Plusieurs jeunes de moins de 30 ans ont rapidement complété l’effectif ».

25 ans dans des labos pharmaceutiques

Elle s’est lancée dans l’entreprenariat après une carrière de 25 ans dans des laboratoires pharmaceutiques spécialisés en ophtalmologie, aux côtés d’Henri Chibret, fondateur de Transphyto et de Théa, qui l’avait embauchée comme stagiaire et auquel elle ne manque pas de se référer : « J’avais envie de retrouver la petite structure des origines, de construire. » Dans un premier temps, elle a, en tant que consultante, permis à la société lyonnaise Alept de « lever les barrières » à la commercialisation d’un immunodépresseur prévenant le rejet des greffes de cornée : « Une niche à laquelle les industriels ne se sont pas intéressés ». Une fois obtenue l’autorisation d’accès compassionnel*, Kôl s’est chargé, moyennant une redevance versée à Alept, d’exploiter ce médicament et de monter le dossier d’autorisation de mise sur le marché.

Le premier collyre à ARN messager du marché

« Notre esprit start-up se caractérise par une réactivité quant à la mise sur le marché des produits », insiste Sophie Momège qui, en mai dernier, a lancé un collyre contre l’apparition de néo-vaisseaux de la cornée qui peut entraîner une cécité. « Il s’agit du premier collyre à ARN messager du marché », annonce-t-elle fièrement. Kôl a eu l’opportunité d’en acheter le brevet après le dépôt de bilan d’une société suisse. Tout comme celui de ce qui sera le premier collyre de lutte contre une maladie de la rétine : la DMLA (Dégénération maculaire liée à l’âge). Là, Kôl fait une entorse à sa stratégie de niche et à sa spécialisation dans les affections de la cornée : « L’intérêt est extraordinaire : compte tenu du vieillissement de la population et de la spécificité de ce produit, le marché est énorme », insiste Sophie Momège qui construit, pour son développement, une équipe dédiée qui s’appuiera sur des compétences universitaires.

* L’autorisation d’accès compassionnel peut être délivrée à des produits qui concernent des maladies rares pour lesquelles il n’existe pas de traitement disponible et dont l’efficacité et la sécurité d’emploi sont présumées.